Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un Seynois pilote le taxi du futur

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«Cette voiture, c’est un aimant ». Avant d’inscrire son nom dans l’histoire des taxis toulonnais comme étant le premier à investir dans une voiture électrique, le Seynois Christian Martin, 53 ans, dont dix ans de taxi, avait tout calculé… Ou presque. Entretien, consommati­on, assurance, espace dans son garage… « J’y ai réfléchi pendant trois ans », avoue-t-il en récitant de tête toutes les caractéris­tiques techniques de sa Tesla Model S 75 D. Depuis qu’il a récupéré son véhicule mi-décembre, il se rend compte cependant qu’il avait largement sous-estimé un élément : l’image de marque de la voiture du futur sur les passants d’aujourd’hui. « J’ai tout le temps des pouces levés. On me sourit. On vient me poser des questions. Certains me demandent ma carte. Ça n’arrête pas», savoure fièrement le chauffeur seynois en circulant dans les rues de l’agglomérat­ion. Avec seulement quelques centaines de véhicules en circulatio­n en France, mais une réputation qui se joue des frontières, les révolution­naires californie­nnes continuent de faire tourner les têtes…

Des doutes et un pari

Un sacré contraste avec les sarcasmes qu’essuyait le taxi lorsqu’il a commencé à évoquer l’idée de s’équiper d’une des voitures futuristes imaginées par Elon Musk, le fantasque milliardai­re de la Silicon-Valley. « Avant tout, il a fallu convaincre le comptable, sourit Christian qui reste pour le moment le seul Toulonnais à avoir fait ce choix (d’autres Taxis circulent en Tesla à Marseille et Cassis). Mais je lui ai démontré que, malgré le prix d’achat à 92000 euros, ce choix n’avait rien de fou. Ça coûte de l’argent, mais ce n’est pas cher. Avant, je roulais avec une voiture diesel. J’avais un crédit à 850 euros par mois. Là dessus, je rajoutais le carburant: 5 à 600 euros par mois. Et les révisions, 600 euros en moyenne tous les deux mois. Mis bout à bout, ce n’est pas très éloigné des 1500 euros de crédits que je paie tous les mois pour celle-là. Parce qu’avec elle, je n’ai comme entretien qu’une révision une fois par an. » Et côté carburant ? Depuis qu’il roule en électrique, Christian – qui avoue que les préoccupat­ions écologique­s n’ont pas été au coeur de sa décision – a presque oublié à quoi ressemble une pompe à essence. « Je vais me brancher au supercharg­eur de l’hôtel Ibis de La Seyne. En une demiheure ou trois quarts d’heures, j’ai gratuiteme­nt de quoi rouler toute la journée», sourit-il émerveillé par la source d’économie… Autant que par les innombrabl­es gadgets qui équipent sa limousine.

Le luxe et l’économie

« Oui, c’est du luxe », concède le chauffeur en caressant du regard les sièges en cuir blanc et le tableau de bord digne d’une navette spatiale. « C’est du luxe, mais c’est mon outil de travail. Je passe 10 à 12 heures par jour au volant. Le silence et la souplesse du moteur électrique, le confort du véhicule, ça se ressent sur ma conduite et mes clients en profitent. Ils me disent d’ailleurs tous que l’ambiance est zen dans ma voiture. » Du côté de ses confrères, la voiture silencieus­e fait du bruit et anime les conversati­ons. « C’est sûr que c’est un bel engin, glisse un chauffeur en bavant d’envie devant la belle américaine. Mais à mon avis, question autonomie, ce n’est pas encore au point. » Un argument que Christian Martin connaît par coeur et ne réfute pas en bloc, confiant pouvoir rouler environ 400 km après recharge. «Moi, ça me convient parce que je reste en permanence à Toulon. 95 % de mon activité est constituée par du transport de malade assis. Je conduis des Toulonnais qui vont faire des examens médicaux ou suivre des traitement­s. Je quitte rarement la ville. Donc l’autonomie, ça me va. Mais s’il fallait pouvoir partir à Nice ou à Marignane à l’improviste, ça serait plus compliqué parce que pour l’instant, des supercharg­eurs, il n’y en a malheureus­ement pas suffisamme­nt dans la région. »

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 ?? (Photos Dominique Leriche) ?? Depuis mi-décembre, la berline électrique de Christian Martin circule dans les rues de Toulon et se fait remarquer.
(Photos Dominique Leriche) Depuis mi-décembre, la berline électrique de Christian Martin circule dans les rues de Toulon et se fait remarquer.
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Au volant, Christian Martin reste émerveillé par la technologi­e qui fait la spécificit­é du véhicule.
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Même s’il fait douter ses confrères, le taxi est sûr que son pari est gagnant.

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