Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Décharge sauvage à La Garde : les gravats de la colère

Depuis cet été, un entreprene­ur déverse des tonnes de gravats dans l’illégalité. Furieuse de constater que les PV de la police municipale n’ont eu aucun effet, la mairie a alerté la justice

- P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

U «n scandale » selon Christiane Grandchamp, la présidente de l’associatio­n de défense du Plan de La Garde. « L’acte de voyous », selon Jean-Pierre Haslin, le premier adjoint au maire. Les dépôts sauvages de gravats qui sont réalisés depuis le mois d’août sur un terrain bordant le chemin du Barbaroux n’en finissent pas d’agacer dans la cité du rocher. Visible depuis la petite route, qui serpente au milieu du Plan de La Garde, le tas de gravats a effectivem­ent de quoi faire rugir les amis de la nature. Il ne s’agit pas d’une brouette ou deux déversées par des particulie­rs, mais de tonnes de déchets du BTP vomis par des camions. Plus d’un mètre de haut sur une surface correspond­ant à un ou deux courts de tennis.

Procès-verbal sans réaction

D’autant plus agaçant que le terrain concerné se situe dans une commune adhérente au Parc national de Port Cros et en pleine zone agricole protégée. On imagine mal ce qui va pouvoir fleurir ici… La semaine dernière, le sujet a été rapidement évoqué en conseil municipal par JeanPierre Haslin qui a confirmé qu’une procédure avait été lancée par la Ville contre l’auteur des dépôts. Les éléments qui ont filtré pointent du doigt un chef d’entreprise hyérois… Officielle­ment inscrit au registre du commerce comme profession­nel des produits de la mer ! Il louerait le terrain, propriété d’une horticultr­ice à la retraite, et piloterait le ballet des camions. Un petit trafic que n’ont pas interrompu les premiers avertissem­ents délivrés par la police municipale. Aucun doute en effet sur le fait que le pollueur se sait dans l’illégalité et repéré… « Dès que les dépôts de gravats ont démarré, un PV relatif à la police de l’urbanisme a été dressé, mais ça ne l’a pas arrêté, peste Jean-Pierre Haslin. Comme c’était une procédure un peu lente qui aurait pu durer 2 ou 3 ans et qu’on a compris à qui on avait affaire, on a saisi l’avocat pour faire une assignatio­n en référé. C’est ce qu’il y a de plus brutal au niveau juridique pour arriver à stopper et sanctionne­r. »

Enquête en cours

Depuis, le dossier est dans les mains de la justice et, manifestan­t leur impatience, les membres de l’associatio­n de défense du Plan de La Garde ont appris lors de leur récente assemblée générale qu’un magistrat s’y intéressai­t de près. Avec quelles conséquenc­es ? Impossible à dire pour l’instant. Si le premier PV n’avait pas fait cesser les dépôts, la suite donnée à cette affaire vise à condamner d’une part et à faire remettre le terrain en état d’autre part. Pour l’instant, selon ce qui a filtré, le parquet demande aux services de l’État (police nationale) et la Dreal (Direction régionale de l’environnem­ent, de l’aménagemen­t et du logement) des investigat­ions complément­aires « pour que la procédure ait du corps ». Les enquêteurs doivent, entre autres, déterminer l’origine précise des gravats, leur nature et les éventuels impacts sur l’environnem­ent et la nappe phréatique.

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(Photo Dominique Leriche) En bordure du chemin de Barbaroux, le tas de gravats a fait son apparition en pleine zone agricole protégée.

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