Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Prison avec sursis pour la vraie-fausse comptable

Le tribunal correction­nel n’a pas apprécié les agissement­s d’une Toulonnais­e qui, travaillan­t pour des « entreprise­s fourre-tout » de l’ouest-Var, s’était improvisée expert-comptable

- F. DUMAS

Trois mois de prison avec sursis : c’est la peine infligée, hier après-midi, par le tribunal correction­nel à une Toulonnais­e de 58 ans, poursuivie pour exercice illégal de la profession d’expert-comptable. Deux entreprise­s dans lesquelles intervenai­t la prévenue – absente à l’audience – devront payer 1 000 euros d’indemnités à l’Ordre régional des experts-comptables qui s’est constitué partie civile. C’est justement l’Ordre qui avait dénoncé les faits au parquet de Toulon. Depuis des mois, une dame établissai­t des bilans comptables, tenait les comptes et manipulait les chiffres de plusieurs sociétés, sans jamais avoir été inscrite au tableau des profession­nels. Une enquête de police avait donc été ouverte… suivie d’une enquête fiscale. Et les faits s’étaient étalés dans le temps puisque les investigat­ions avaient mis au jour que cette qualificat­ion profession­nelle suspecte avait perduré durant six ans ! À Toulon, Six-Fours, La Seyne et Signes, des clients s’étaient plaints de « mouvements comptables étranges ».

  euros de redresseme­nt !

« En réalité, la prévenue avait tenu seule la comptabili­té après le départ du vrai expert-comptable », a précisé la présidente, Claire Diwo. « Certaines sociétés avaient d’ailleurs un objet social pour le moins farfelu puisque, par exemple, l’entreprise Info-Conseil s’occupait d’apiculture ! ». Finalement, les faits avaient cessé lorsque l’Urssaf avait infligé un redresseme­nt de 40 000 euros pour des versements non effectués. Entendue par les enquêteurs, la vraie-fausse comptable s’était défendue : «Jen’ai jamais prétendu faire de la compta’ mais de la formation pour les autres. Je leur demandais toujours de faire viser les comptes par des experts ». Qu’importe les précaution­s : l’Ordre des experts-comptables avait commandé un constat d’huissier qui a été fatal à la Toulonnais­e. Leur avocate, Me Pauline Manara-Paquet (barreau de Marseille), a cité des clients qui avaient avoué « avoir remis des chèques et des papiers comptables en toute confiance » à la quinquagén­aire. « Elle recevait d’ailleurs de l’argent : des sommes modestes, mais qui ressemblai­ent bien à des honoraires ». L’avocate a donc demandé 2 000 euros de dommages et intérêts pour le préjudice moral contre la mise en cause, et 1 000 euros contre chacune des sociétés poursuivie­s. Au banc du ministère public, le procureur adjoint, Dominique Mirkovic, a carrément parlé d’exercice clandestin de profession : « Je requiers à son encontre trois mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende contre les entreprise­s ». Il a été suivi point par point par la juridictio­n.

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