Carrefour : « un plan pour les actionnaires » selon la CGT
Le projet de transformation de Carrefour, qui prévoit la suppression de milliers d’emplois, est un plan « pour les actionnaires », a estimé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, hier, lors d’un rassemblement dans un hypermarché du groupe à Montreuil, près de Paris. « Depuis que ce plan a été annoncé par le PDG du groupe Alexandre Bompard le 23 janvier, la Bourse a salué cette annonce puisque l’action ne fait que monter depuis», a-t-il observé. Plus d’une centaine de manifestants, venus de différentes régions de France, ont arpenté les travées de l’hypermarché en scandant « Bompard, arrête tes bobards » et « les clients avec nous ». Le député de Montreuil Alexis Corbière (La France insoumise) était aussi présent. « On est là pour dire aux salariés que ça va faire très mal », a expliqué Franck Gaulin, délégué CGT hypermarchés, en évoquant la « face cachée » du plan Bompard dont les salariés ne connaissent pas encore « la globalité ». Selon M. Martinez, « rien que dans ce magasin » de Montreuil (Seine-SaintDenis), « il y a eu 100 emplois supprimés ces dernières années, donc les salariés n’arrêtent pas de faire des efforts et tout ça pour que les actionnaires de Carrefour puissent continuer à toucher plus de dividendes ». Ce rassemblement, organisé en face du siège de la CGT, a donné le coup d’envoi d’une « semaine de la colère » pour « dénoncer la volonté des grands groupes et du gouvernement de détruire les emplois », selon le syndicat, qui appelle à d’autres initiatives dans la semaine.
FO appelle à un rassemblement jeudi
M. Bompard a annoncé la suppression de 2 400 postes dans les sièges du groupe, via un plan de départs volontaires, ainsi que la sortie du groupe, par cession ou fermeture, de 273 ex-magasins Dia, qui affecte 2 100 salariés avec un plan social à la clé. Mais, compte tenu des projets déjà en cours (centralisation des plateformes administratives et marchandises, automatisation des caisses des stations-services) et de ceux à venir (réduction de 100 000 m2 de la surface des hypermarchés en France, automatisation de la logistique, passage de magasins en location gérance), d’autres milliers de suppressions d’emplois sont redoutés par les syndicats. Les mobilisations vont se poursuivre en ordre dispersé. FO, premier syndicat du groupe, appelle à un rassemblement ce jeudi devant le siège de Carrefour France à Massy (Essonne). Quant à la CFDT (deuxième syndicat), elle annonce une mobilisation nationale le 15 février à Paris, en présence du secrétaire général de la centrale Laurent Berger. Bernard Arnault était hier aprèsmidi à Saint-Paul-de-Vence pour les obsèques de son ex-bras droit, Pierre Godé. Xavier Niel, patron de Free et gendre de Bernard Arnault, était également là. La gendarmerie avait déployé un important dispositif de sécurité dans le village. Ex-viceprésident du groupe LVMH, Pierre Godé avait son domicile depuis des années dans une grande villa aux Hauts de SaintPaul. N°1 mondial de l’industrie du luxe et première fortune de France, Bernard Arnault a rendu un émouvant hommage à celui qui fut « unvraiami » et « son plus solide appui durant de longues années ». « C’est lui qui m’a parlé du groupe Boussac » .Et « c’est grâce à lui, et au montage qu’il a trouvé », que Bernard Arnault a pu prendre en 1984 la tête de ce groupe, puis en 1989 le contrôle du groupe de luxe LVMH. « Il a aussi eu un rôle déterminant dans la création de la Fondation Louis Vuitton, a souligné Bernard Arnault dans la collégiale de Saint-Paul. C’était un ami des arts» Les obsèques ont d’ailleurs eu lieu en musique, avec le quatuor Modigliani, cheville ouvrière du festival de musique de chambre de Saint-Paul, que les Godé hébergeaient chez eux chaque année à cette occasion. La cantatrice Norah Amsellem a quant à elle interprété Pie Gesu de Fauré en présence des chanteurs lyriques Elizabeth Vidal et André Cognet, ainsi que du pianiste américain Dalton Baldwin. Avant Saint-Paul, Pierre Godé avait une villa à Châteauneufde-Grasse. Agrégé de droit, avocat dès 23 ans, il avait aussi enseigné le droit dans les facultés de Nice et de Lille. Christian Estrosi, maire de Nice et président de la métropole, a assisté aux obsèques.