Chapeau Christophe Bacquié !

L’homme au chapeau noir c’est Marc Veyrat. À lui, l’étoile du berger dans sa « Maison des Bois » de Manigod, celle de l’éternel retour de celui qui réclamait à nouveau la troisième sous peine de rendre les deux autres. Étonnant, non ? Habilement maltraité ou pilotant peut-être ce deal savoyard, Michelin a préféré l’artiste-provocateur à un talent nouveau. Nous, notre coup de chapeau va à Christophe Bacquié. Il n’y a pas les trois étoiles du magicien des herbes et celles du bosseur de fond. Formé notamment auprès de Louis Outhier puis de Stéphane Raimbault à l’Oasis à La Napoule, il s’est construit en chef au long cours, étoilé à Calvi (La Villa) puis à l’Hôtel du Castellet après seulement deux mois de présence. Ce rigoureux a su évoluer, s’ouvrir, de plus en plus percutant, iodé, épuré, méditerranéen, avec la volonté sans laquelle on ne rejoint pas le sommet. Bacquié, enfin ! Le Var a donc deux fois trois étoiles, Arnaud Donckele à Saint-Tropez, lui au Castellet. Oh, les beaux jours ! À Nice, il y a les frères Tourteaux et « Flaveur ». Même attente pour ces fous de cuisine aujourd’hui à deux étoiles, acteurs exclusifs de leur métier, en rêvant jusqu’à l’insomnie, ouverts aux gastronomies du monde. Nice ne les a pas toujours compris et doit les fêter sans faute. Et Bruno Cirino ! Là encore, une si longue absence. Quel plaisir de retrouver à deux étoiles, Marion Cirino à ses côtés, « l’homme du produit », le pur cuisinier, aussi acéré et légendaire que l’est Maximin auprès de qui il a travaillé jadis, à La bonne auberge puis au Negresco. Enfin, il y a l’étoile de Christophe Martin à Valbonne (Lou Cigalon-Maison Martin), auparavant chef - étoilé - à la Bastide de Moustiers, ex de Ducasse dont il a gardé l’enseignement du naturel, ce côté « simple » qui peut être un style et qui est son quotidien. Et Michelin ? Sa cérémonie interminable qui devait faire événement et son « oscarisation » manquée… Mais avec six étoiles de vérité pour le Var et les Alpes-Maritimes, la fête a belle allure et on ne se plaindrait de rien s’il n’en manquait une ou deux - Sébastien Sanjou et les autres - en terre varoise. L’an prochain, sans doute…