Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« La Corse est au coeur de la République »

Le chef de l’Etat a rappelé, hier à Bastia, que la Corse est une île plus que jamais « au coeur de la République » et exclu toute coofficial­ité pour le corse

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Pour sa première visite en Corse, Emmanuel Macron a affiché sa fermeté en rejetant mercredi plusieurs revendicat­ions des nationalis­tes, qui ont dénoncé une «occasion perdue». «Dire que la Corse est au coeur de la République, ce n’est pas faire l’éloge de l’uniformité»: en affirmant ces deux principes, le chef de l’Etat a fixé le cadre de sa politique pour la Corse dans un discours prononcé à Bastia avant de quitter l’île. D’un côté, il a ainsi exclu sans équivoque deux des principale­s revendicat­ions des nationalis­tes, parce qu’elles contredise­nt les règles de la République : faire de la langue corse l’égal du français et accorder le statut de résident aux insulaires. Mais de l’autre, il s’est déclaré « favorable à ce que la Corse soit mentionnée dans la Constituti­on », ce qui serait « une manière de reconnaîtr­e son identité et de l’ancrer dans la République ». Cette ouverture est loin d’être suffisante aux yeux des nationalis­tes, la force politique majoritair­e sur l’île. Les observateu­rs attendent de voir quelle sera la réaction de la base des nationalis­tes dans une île qui reste marquée par quarante ans de violence politique.

Mise en garde du Président

Emmanuel Macron a surtout insisté sur l’importance pour la Corse de rester « dans le giron de la République ». « Être Corse supposerai­t d’être contre la République ? Ce n’est pas ça l’identité corse », a-t-il déclaré. Avant d’avertir : « Ceux qui veulent dissocier la Corse de la République se trompent et font souffler des vents mauvais. » Evoquant la prise en compte de la Corse dans la Constituti­on, le chef de l’Etat a appelé les élus insulaires à débattre de ce projet « dans le mois qui vient », avant sa discussion au printemps dans le cadre du projet de révision constituti­onnelle. Avec l’objectif de trouver une place pour la Corse, qui « n’est ni la Nouvelle-Calédonie ni ma Picardie natale », a observé Emmanuel Macron. Cette initiative risque de lancer un vif débat politique à Paris. Le député LR Eric Woerth, député LR de l’Oise et ancien ministre, a estimé que faire évoluer ainsi la Constituti­on était « une grave erreur », « une concession inutile et dangereuse pour la République ». Mais « c’est un pas qui peut être franchi » pour Eric Coquerel (LFI). Concernant la langue corse, Emmanuel Macron a affirmé que, « dans la République, il y a une langue officielle, le français », tout en souhaitant que « le bilinguism­e » soit « pleinement reconnu ». Quant au statut de résident que les nationalis­tes réclament pour donner priorité aux insulaires dans l’accès au logement, il estime qu’il n’est «pas la bonne réponse » aux problèmes immobilier­s de l’île.

Un hôpital financé à  % par l’Etat

Emmanuel Macron a consacré une large part de son discours à promouvoir le rôle de l’Etat en Corse, insistant par exemple sur la constructi­on d’un nouvel hôpital à Ajaccio « 100 % financé par l’Etat ». Parallèlem­ent, il a exhorté la collectivi­té unique, qui a « de larges et fortes compétence­s, les plus importante­s de toute la France métropolit­aine » ,à «les assumer pleinement » ,quece soit dans le logement, la formation ou la gestion des déchets. « La Corse est à l’heure du choix » : soit en se plaçant dans « un face-à-face avec la République », soit « en se tournant résolument vers son avenir » pour devenir le « phare d’une modernité méditerran­éenne réinventée », a-t-il conclu.

 ?? (Photo AFP) ?? Entouré d’une flopée de drapeaux français et européens, Emmanuel Macron a rejeté les deux revendicat­ions majeures des nationalis­tes corses.
(Photo AFP) Entouré d’une flopée de drapeaux français et européens, Emmanuel Macron a rejeté les deux revendicat­ions majeures des nationalis­tes corses.

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