Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Dupont-Aignan: «Ce pouvoir est le roi des “fake news”…»

Le président de Debout la France n’a pas de mots assez durs contre le gouverneme­nt. Pour le contrer, il tente de fédérer une union des droites qui rassembler­ait de LR au FN

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON

La présidenti­elle passée, l’allié de Marine Le Pen au second tour est retombé dans un relatif anonymat. Nicolas Dupont-Aignan n’en parle pas moins dru, sans aménité pour le gouverneme­nt. Le président de Debout la France s’emploie à donner corps à son ambition d’une union des droites à travers la plateforme Les Amoureux de la France, qu’il a lancée cet automne avec Jean-Frédéric Poisson, le patron du Parti chrétien-démocrate, en compagnie duquel il tiendra une réunion publique ce vendredi, à 19 h à l’hôtel Westminste­r à Nice.

Pour vous, il n’y a rien de bon dans le Macron. « Sous un emballage chatoyant, le contenu de sa politique est avarié ». Vous y allez fort…

La propagande se heurte à la vraie vie des Français, qui commencent à comprendre l’escroqueri­e politique du macronisme. Pour les retraités, dont le pouvoir d’achat est sacrifié. Pour les fonctionna­ires, qui sont maltraités, je pense notamment aux surveillan­ts pénitentia­ires et aux policiers. Pour les salariés, à qui on avait promis une hausse de pouvoir d’achat qui est annihilée par la multiplica­tion des taxes. L’escroqueri­e porte aussi sur l’immigratio­n et la sécurité. Je pourrais multiplier les exemples où, derrière la communicat­ion, Macron ne traite pas les causes structurel­les des problèmes.

Vous vous opposez à la réduction du nombre de fonctionna­ires. Pourquoi ?

Pour moi, il faut les redéployer. Il y a des endroits où il y en a trop et d’autres pas assez. Mais d’abord, il faut les soutenir, en particulie­r ceux qui garantisse­nt notre sécurité. Or, le gouverneme­nt préfère installer le téléphone dans les cellules de voyous plutôt que donner une prime à vingt mille surveillan­ts pénitentia­ires. Le point d’indice des fonctionna­ires comme des retraités devrait être aligné sur l’inflation. Il n’y a aucune raison qu’ils perdent du pouvoir d’achat chaque année. En revanche, je suis favorable à du redéploiem­ent : c’est-à-dire supprimer des postes là où les nouvelles technologi­es peuvent en faire office. Et les accroître dans les établissem­ents pour personnes âgées, les hôpitaux, et en faveur de la sécurité.

Sur les migrants, vous parlez d’une « lâcheté d’Etat »…

Oui. Les demandeurs d’asile reçoivent une carte de retrait d’argent (les montants vont de , euros par jour pour une personne seule à  euros pour un couple avec deux enfants, ndlr). On ne contrôle pas assez nos frontières. Et avec l’aide médicale gratuite, les foyers d’urgence et la dotation mensuelle, on crée un appel d’air social. Par ailleurs, on ne va pas me dire que nous ne sommes pas capables de détruire les deux cents bateaux qui servent aujourd’hui à l’esclavage humain sur les côtes libyennes. On devrait s’attaquer vraiment aux passeurs, ces criminels qui laissent se noyer des centaines de personnes en Méditerran­ée. Il faut couler ces bateaux, une fois qu’ils sont vides bien sûr, pour en finir avec les passeurs et mettre en oeuvre un grand plan de développem­ent africain.

Vous voulez mettre en place un comparateu­r de pouvoir d’achat. Comment va-t-il fonctionne­r ?

Comme nous sommes confrontés à une propagande sans fin, nous allons mettre en service, lundi prochain, sur un site dédié, un comparateu­r qui va s’appeler « La vraie facture Macron ». Il prendra en compte toutes les taxes pour un salaire donné. Ça permettra à chaque Français de vérifier, pour son cas spécifique, la conséquenc­e des mesures gouverneme­ntales et de voir que ce pouvoir est le roi des fake news.

Quel serait le meilleur statut pour la Corse ?

La Corse a déjà bénéficié de beaucoup de transferts de pouvoirs. Que les nationalis­tes exercent déjà toutes les compétence­s qui sont les leurs et qu’on les juge sur les résultats. Vouloir imposer la langue corse et exiger un délai de résidence pour devenir propriétai­re en Corse sont des revendicat­ions antirépubl­icaines qui reviendrai­ent à l’indépendan­ce. On ne peut pas éternellem­ent profiter de l’argent de la République pour prendre en otage les Corses dans la voie sans issue de l’indépendan­ce. Les indépendan­tistes avancent masqués et il est temps que l’Etat mette les points sur les i. On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et la crémière !

Les Amoureux de la France, qu’est-ce que ça représente ?

C’est le début d’un grand processus d’union d’une droite qui a toujours été divisée. M. Wauquiez ne veut pas parler à Mme Le Pen qui est critiquée par M. Philippot. Mais les uns et les autres ne pourront pas gagner seuls. Je suis un des rares à dire que nos électorats, sur le terrain, souhaitent que l’on s’unisse. Si nous ne le faisons pas, sous la forme d’une coalition, sans renier ce que chacun est, M. Macron et M. Mélenchon auront le monopole de la vie politique. Et cela, je ne le veux pas. Il faut s’unir sur un programme commun sérieux, plus sérieux qu’en , pour gagner. Il faut jouer collectif. L’objectif des Amoureux est de créer un électrocho­c, un mouvement qui parte de la base.

Concrèteme­nt, comment cela va-t-il se traduire pour les Européenne­s de  ?

Il faut que, pour toutes les échéances, M. Wauquiez, Mme Le Pen et tous les autres acceptent des compromis. Face à l’égoïsme des partis politiques, une pression citoyenne doit y aider. L’objectif est donc, région par région, de mobiliser les troupes sur cette démarche d’union autour d’un programme commun.

Ça semble assez mal parti…

Pour l’instant. Mais je constate que M. Wauquiez parle comme Mme Le Pen sur l’Europe. Je veux le forcer à sortir de l’ambiguïté et je veux forcer Mme Le Pen à avoir un projet européen plus modéré. La politique est un long chemin. Je suis un militant de l’union.

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(Photo Frantz Bouton) « Je suis un militant de l’union. »

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