Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La stratégie du Président « Bref, c’est non à tout et oui au bras de fer avec les nationalis­tes.»

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Ils se sentaient si forts, il y a moins de deux mois, avec , % au second tour des élections territoria­les, que les nationalis­tes pensaient sans doute accueillir un Emmanuel Macron dans ses petits souliers, pendant deux jours, sur l’île. Leurs revendicat­ions claquaient très haut: la langue corse à égalité avec la langue française, un statut de résident réservé aux habitants, une place à part dans la Constituti­on. Et pour finir, l’amnistie pour les « prisonnier­s politiques ». Au départ, hier soir, du Président, que reste-t-il de cette longue liste? Un gros confetti, pas plus gros qu’un bulletin de vote. Les « prisonnier­s politiques » ? Dès mardi, la veuve du préfet Erignac, se chargeait de mieux les désigner : « un commando terroriste » qui abattit son époux « de la plus lâche des manières ». Le président de la République n’a pas eu à en ajouter beaucoup sur le sujet. Même si tous les nationalis­tes écroués ( actuelleme­nt) n’ont pas tiré « dans le dos, trois balles dans la tête » du plus haut représenta­nt de l’Etat sur le territoire. Et même s’il faut s’attendre à un geste. C’est ce qu’il a assuré à l’épouse d’Yvan Colonna, lors d’un échange aussi bref qu’intense : «Que les personnes détenues puissent voir

leur famille, nous allons l’assurer. » Rapprochem­ent des prisonnier­s ou aide au déplacemen­t des proches sur le continent ? On verra. Les autres revendicat­ions ont essuyé un refus plus policé mais tout aussi ferme. Pas d’égalité linguistiq­ue. Le Président s’engage à soutenir le bilinguism­e, en soutenant l’apprentiss­age du corse, « mais il n’y a qu’une langue officielle, c’est le français ». Le statut de résident? « Mauvaise réponse. » Quant à la reconnaiss­ance constituti­onnelle, elle se nichera dans l’article  du texte fondateur, l’un des plus inoffensif­s. Bref, c’est non à tout et oui au bras de fer avec les nationalis­tes. Oh, la spécificit­é des Corses, il ne la nie pas. À condition qu’elle ne signifie pas « être l’ennemi de la République », « une erreur » qu’il « ne peut pas accepter ». Mais il a tenté hier, sur les terres de Bonaparte, une manoeuvre audacieuse censée déstabilis­er l’adversaire. Il s’est adressé directemen­t aux  habitants de l’île, à qui il parle, comme il le ferait à Roubaix, Nice ou Toulon, santé, sécurité, emploi, logement et même téléphonie mobile. Vie quotidienn­e. En président de tous les Français. Sur le papier, c’est de la belle stratégie. Dans le contexte corse, un tel pied de nez au pouvoir régional peut enclencher une nouvelle glaciation des relations continento-insulaires. C’est vrai qu’au point où nous en sommes.

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L’ÉDITO de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

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