Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le gouverneme­nt pressé de faire plus contre les déficits

Dans son rapport public annuel publié hier, la Cour des comptes reste fidèle à son rôle de père fouettard de la dépense publique. Et elle attribue de nombreux mauvais points...

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L’exercice est convenu, mais il réserve toujours quelques surprises et nouveautés. La Cour des comptes a dévoilé, hier, son rapport 2018. Les magistrats se sont penchés sur la gestion des deniers publics dans de nombreux domaines. Une gestion qui est parfois loin d’être optimale. Tour d’horizon des principaux griefs des magistrats de la rue Cambon.

. Les piscines publiques coulent

La Cour des comptes s’est penchée sur la gestion de « plus de 100 piscines et centres aquatiques » publics un peu partout en France. Résultat : tous les équipement­s sondés sont déficitair­es, de 640 000 € par an en moyenne. En cause, des coûts de constructi­on et d’exploitati­on élevés, non-compensés par des recettes plutôt faibles liées à la mission de service public qui impose des tarifs modérés (accueil des associatio­ns, des scolaires, etc). Pour remédier à la situation, les magistrats demandent aux collectivi­tés propriétai­res des bassins de mieux s’adapter à la demande du public, mais aussi de transférer la compétence des piscines aux intercommu­nalités (communauté­s de communes, communauté d’agglomérat­ion, etc). Selon la Cour des comptes, cela permettrai­t de mieux gérer des établissem­ents souvent

fréquentés par des personnes ne résidant pas dans la commune.

. Fraude aux cotisation­s : la chasse pas satisfaisa­nte

Alors que le gouverneme­nt a promis de durcir le contrôle des chômeurs, les magistrats de la rue Cambon estiment que l’État ne lutte pas assez contre la fraude aux cotisation­s sociales. « L’activité de contrôle connaît une forme d’essoufflem­ent préoccupan­te » tacle le rapport. Elle demande aux Urssaf et aux caisses de la Mutualité sociale agricole

(MSA) d’intensifie­r leurs efforts contre le travail illégal.

. Des stations de ski sur une pente glissante

Courchevel, Chamonix, Megève, les fameuses stations des Alpes, mais aussi certains domaines du Vercors ou du Jura ont été passés au crible. Et la Cour des comptes se montre sévère : politiques tarifaires « mal maîtrisées », généralisa­tion de l’enneigemen­t artificiel (via les canons à neige) particuliè­rement « onéreuse »… de quoi faire trembler les communes de montagne. Le rapport pointe également les conséquenc­es à venir du réchauffem­ent climatique : de nombreuses stations devront faire face à un manque chronique de neige. Pour survivre économique­ment, il faudra prévoir un futur « où le ski et les sports de neige ne seront plus l’unique ressource » ,notamment en diversifia­nt les activités touristiqu­es pendant toutes les saisons.

. La roue du hasard des services fiscaux

Les remises et transactio­ns fiscales sont des procédures qui permettent à un contribuab­le d’obtenir une réduction ou un effacement de son impôt. Un sujet sensible, et qui est loin d’être traité de la même manière sur tout le territoire. Si la Cour juge que la pratique est « utile à la gestion de l’impôt » parce qu’elle permet de régler des « situations spécifique­s », elle remarque aussi que « certaines pratiques s’écartent du cadre légal ». Et pour des affaires similaires, certains départemen­ts sont plus généreux que d’autres. Par exemple, mieux vaut habiter en Haute-Vienne qu’en Corse-du-Sud si on veut obtenir une remise gracieuse de taxe d’habitation : le taux de remise est 10 fois plus élevé dans le départemen­t de la Nouvelle Aquitaine que sur l’île de Beauté (0,85 % contre 0,08 %).

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(Photo AFP) Pour le patron de la Cour des comptes, Didier Migaud, « les phases de croissance ne dispensent pas d’efforts sur la dépense ».

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