Merkel pose les bases d’un quatrième mandat
La chancelière Angela Merkel a salué, hier, la perspective d’un gouvernement « stable » en Allemagne après son accord au forceps avec les sociaux-démocrates, une alliance qui lui a coûté très cher mais lui ouvre les portes d’un quatrième mandat. Ce contrat de coalition prévoit notamment la répartition des ministères. Le Travail et les Affaires sociales, les Finances et les Affaires étrangères reviennent au SPD, trois gros ministères qui témoignent des concessions faites par Angela Merkel aux sociaux-démocrates. Martin Schulz, ancien président du Parlement européen, hérite du portefeuille des affaires étrangères. Hier soir, il a annoncé qu’il comptait laisser les rênes du parti à Andrea Nahles, déjà chef de file du groupe parlementaire SPD au Bundestag. Cette femme énergique de ans avait su, lors du récent congrès du SPD à Bonn, trouver les mots passionnés pour convaincre les délégués du parti de voter pour la tenue de négociations de coalition. Angela Merkel a aussi su rassasier les appétits à sa droite en cédant un super ministère à Horst Seehofer, chef de la très conservatrice CSU bavaroise et ministre-président de la Bavière. La CSU régnera non seulement sur l’intérieur, mais aussi sur la « Heimat », une sorte de ministère de l’Identité nationale. Une étiquette qui va faire grincer les dents à gauche, tant le mot « Heimat » est lourdement chargé en Allemagne. Tout au long de la crise des réfugiés, Horst Seehofer a mené la vie dure à la chancelière, critiquant sans répit sa décision de laisser entrer en Allemagne ces centaines de milliers de migrants. Angela Merkel avait annoncé qu’elle était prête à faire des « compromis douloureux ». C’est chose faite : la CDU devra se contenter de quelques ministères, mais pas des plus stratégiques.