La Foire de Brignoles veut raviver ses origines agricoles
Lionel Raynaud, président du comité organisateur de la foire, lance un appel aux représentants du monde agricole qui, selon lui, ne s’impliquent pas suffisamment dans l’événement
Depuis 2016, Noël tombe en avril pour Lionel Raynaud. Élu à la tête du comité organisateur de la Foire de Brignoles en octobre 2015, le onzième président s’affaire, depuis près de trois ans, à l’organisation d’un rendez-vous qui anime la cité des comtes de Provence depuis 1921. Il poursuit, édition après édition, une oeuvre de modernisation qui se traduit, cette année, par une extension de la surface de présentation, la mise en valeur des différents concours et un appel aux acteurs du monde agricole, qui a, peu à peu, disparu du devant de la scène.
Trois axes de développement
Outre la foire en elle-même, le comité organisateur anime les concours et le «Club des entrepreneurs », lancé en mars 2016. ● La foire, qui prend le nom, à partir de cette 89e édition, de « Foire de Brignoles en Provence verte », afin de marquer son ancrage partenarial avec la communauté d’agglomération éponyme, accueillera les animations habituelles, toujours au Vabre. La superficie a été augmentée d’un hectare, une aire de stationnement a été prévue au quartier de Paris, depuis lequel des minibus amèneront les visiteurs. Animation phare, une grande roue de 30 mètres sera installée derrière la piscine intercommunale. Autre innovation : la réorganisation de certains espaces, notamment la zone de restauration, d’exposition des entreprises du bâtiment et des concessionnaires automobiles. « Nous avons également décidé d’ouvrir les portes au public le samedi, dès midi au lieu de la fin d’après-midi. C’est autant de temps de visibilité supplémentaire que nous proposons aux exposants. » ● Les concours connaissent également la nouveauté : déjà, on s’affaire à organiser celui des vins, qui se tiendra le 6 mars : « Nous référençons et anonymisons les 800 échantillons, représentant le savoir-faire des viticulteurs de l’arc méditerranéen, de Perpignan à la Corse, en passant par le sud des Côtes-duRhône. » Le 15 avril, ce sera au tour des huiles de passer sur les palais experts des goûteurs : «Nous espérons de nombreuses inscriptions, d’autant que le concours s’ouvre, cette année, aux huiles aromatisées, et qu’on annonce déjà des échantillons venus « La Foire de Brignoles en Provence verte est très attachée à ses racines agricoles, à la production locale et à son territoire rural. Elle représente l’unique foire agricole de Provence. Depuis plusieurs années, le comité d’organisation a souhaité remettre en avant cette ADN, notamment en relançant, après 25 ans d’absence, les journées de démonstrations de matériels agricoles et en créant une affiche valorisant les métiers de l’agriculture. Malheureusement le secteur ne semble pas réagir, ni nous rejoindre. En effet, il est de plus en plus compliqué d’organiser la journée de Grèce, du Portugal ou d’Italie. Le volume de production minimal a également été abaissé de 500 à 200 hectolitres. » Enfin, le 19 avril, se tiendra le concours des fromages, lui aussi étoffé cette année : «Nous devrions voir 200 échantillons dans 40 catégories, issues d’élevages caprins, ovins et bovins. »
Pas de miels cette année
Les miels n’auront pas leur concours cette année : « Les producteurs de démonstration de matériels agricoles compte tenu du peu d’écho d’intervenants. Malgré cela, nous maintenons cette journée. Il va de soi que, déjà, nous nous projetons sur la Foire 2019 afin que celle-ci soit encore plus attractive. Force est de constater que nous recevons également très peu d’échos de la Chambre d’agriculture qui devrait être, à notre sens, un partenaire privilégié. C’est la raison pour laquelle, j’ai demandé un rendezvous avec le président de la Chambre pour que nous soyons en symbiose pour le futur. De même, nous constatons avec regret ont beaucoup souffert de la météo. Nous préférons annuler plutôt que de baisser les critères de sélection. » ● Le « Club des entrepreneurs » semble avoir atteint son rythme de croisière : «Une centaine d’entreprises nous font confiance et bénéficient, moyennant 1200 euros annuels, d’avantages sur la foire (120 entrées, parking “VIP”, salon de réception) et tout au long de l’année, notamment des repas et soirées de gala. Cela permet également à la foire de bénéficier des conseils de professionnels, dans différents secteurs. »
Difficile retour aux sources
Lionel Raynaud ne cache pas sa déception quant au peu d’investissement du monde agricole dans l’organisation de la Foire (lire ci-dessous ).« Nous sommes en relation avec des partenaires comme les lycées de Brignoles ou de Saint-Maximin, qui permettent à près d’une centaine d’élèves d’expérimenter le monde professionnel. Le BTP vient en force cette année... Pourtant, les acteurs agricoles manquent à l’appel. Un peu par manque de moyens, après deux années de climat difficile, mais aussi et surtout par manque de soutien de la part de la chambre d’agriculture. »
Les Italiens s’en vont, les Polynésiens arrivent
Les habitués de la Foire noteront l’absence du pavillon italien de la Chambre de commerce transalpine. « Pas de fâcherie, mais notre proposition ne leur convenait pas cette année... Ce qui n’empêche pas certains exposants de venir à titre individuel », assure Lionel Raynaud. En lieu et place, un ensemble de stands polynésiens : « Le public veut du nouveau, alors nous devons savoir changer. » le désintérêt des concessionnaires de matériels agricoles, dont certains ont décidé, cette année, de ne pas venir à la foire : la Foire de Brignoles s’est fixée comme objectif de devenir la vitrine d’excellence de la région, de notre économie viticole flamboyante, il faut que nous soyons tous acteurs et moteurs dans cette dynamique. Je rappelle que la foire vit à 60 % de la vente de ses stands et que si elle veut garder son ADN agricole, il faut que les exposants agricoles reviennent à la Foire de Brignoles. Le comité d’organisation s’est rendu au Sitevi(1) à Montpellier en novembre dernier ● Club des entrepreneurs. Un dîner-débat est programmé, ce mois, à la Commanderie de Peyrassol, avec les dirigeants de la Société Canal de Provence. « Étant donné que la gestion de l’eau devient un sujet majeur de notre région, j’espère que le directeur général apportera les réponses satisfaisantes à ce problème qui nous concerne tous », a dit Lionel Raynaud.
● Un partenariat avec Leclerc. Un partenariat avec le centre Leclerc de Brignoles devrait permettre de valoriser les lauréats du concours des vins. Les produits récipiendaires de médailles seront mis en avant dans le magasin tout au long de l’année.
● Un « concours national des rosés » en ? « Puisque Brignoles est considérée comme “le berceau du rosé en Provence”, nous travaillons sur le projet d’un grand concours national sur les rosés. » Il pourrait se tenir dès , dans le cadre de la e édition de la Foire.
● Quelques chiffres. Un million d’euros de budget, dont de location de stands. entrées estimées, dont via le « Club des entrepreneurs ». pour chercher de nouveaux exposants. Nous n’avons pas la prétention de nous mesurer à ce salon professionnel, mais la Foire de Brignoles peut rassembler ce qui se fait de mieux sur le territoire en matière de matériels, pour montrer au public notre vitalité économique. Mais là encore, nous restons optimistes et labourons le terrain afin de faire perdurer la vocation agricole de cette belle foire qui fêtera dignement cette année ses 89 ans. »
1. Salon international des équipements et savoir-faire pour les productions vigne-vin, olive, fruits-légumes, qui se tient chaque année, fin novembre, à Montpellier