Le nouveau défi des forces de l’ordre
Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a présenté, hier, son plan de « reconquête républicaine » des quartiers et des territoires les plus touchés par la délinquance. Il mobilisera 1 300 policiers et 500 gendarmes de plus d’ici à 2020
Davantage de moyens dans des quartiers difficiles et un « nouvel état d’esprit » qui se veut plus proche de la population: Gérard Collomb a dévoilé, hier, la police de sécurité du quotidien (PSQ), réforme promise par le candidat Macron après la retentissante « affaire Théo » et la grogne inédite dans la police. Une grand-messe de plus de deux heures à l’École militaire, un jeu de questions-réponses, des intervenants pléthoriques, des vidéos : le ministre de l’Intérieur a soigné la forme pour présenter la PSQ, qu’il définit comme un « nouvel état d’esprit », et même une « révolution ». Sur le fond toutefois, la police de sécurité du quotidien ne met pas en place de nouvelles brigades spécialisées, mais additionne les annonces et promesses. Et recycle aussi pas mal de chantiers déjà ouverts. Des brigades de contact en gendarmerie à la création d’amendes forfaitaires pour certains délits (usage de cannabis notamment), en passant par la prévention des suicides chez les forces de l’ordre ou les « caméras-piétons » pour les contrôles d’identité.
Deux quartiers de Nice retenus
Au chapitre des nouveautés, Gérard Collomb a annoncé que, d’ici à janvier 2019, trente quartiers difficiles bénéficieront de « moyens supplémentaires » – un renfort de 15 à 30 policiers à chaque fois. Trente autres quartiers suivront d’ici 2020. Au total, 1 300 effectifs supplémentaires y seront affectés. « C’est la logique des zones de sécurité prioritaire (ZSP) » lancées sous Manuel Valls, commente l’un des participants au lancement de la réforme. Ces quartiers de « reconquête républicaine » sont ciblés en zone police : entre autres, Nice [lire en page suivante], Trappes (Yvelines), Gros Saule à Aulnaysous-Bois (Seine-Saint-Denis), le Mirail à Toulouse, le Neuhoff à Strasbourg, les quartiers nord de Marseille ou Lille-Fives.
Lille : Martine Aubry satisfaite
La maire de Lille, Martine Aubry a salué une réforme qui va « dans le bon sens ». Sa ville faisait partie de la centaine de communes (avec Aulnay-sous-Bois, Grenoble, Toulouse, etc.) qui s’étaient portées candidates à cette expérimentation, avec bien souvent l’espoir de glaner des effectifs supplémentaires via les 10 000 créations de postes annoncées au total sur le quinquennat. En zone gendarmerie, vingt départements (essentiellement en Auvergne-Rhône-Alpes et dans l’ouest de la France) disposeront de 500 renforts. Le ministre veut porter le nombre de « brigades de contact » à 250 unités d’ici à la fin 2018 : expérimentées depuis mars 2017 par la gendarmerie, elles visent aussi à assurer une plus grande proximité avec la population.