« Jadis une pièce à vivre, la piscine devient un accessoire »
Quel est le propos de l’exposition ?
A travers une suite de projets d’architectes, on voit les formes et la manière dont sont envisagées les piscines du début du XXe siècle à aujourd’hui. On a sollicité des constructeurs pour parler de l’histoire industrielle de la piscine, sa démocratisation, son entrée dans la domesticité des classes moyennes par le recours au liner, aux bassins préfabriqués comme Desjoyaux, les piscines hors-sol, à coque, etc.
Comme les fumoirs ou les boudoirs, vous dites que les piscines pourraient à terme rejoindre la liste des pièces disparues ?
En France, deuxième marché mondial, on arrive tout de même à millions de piscines. Mais on observe un ralentissement et une réduction drastique de la taille des nouvelles constructions ( m en , deux fois moins que dans les années ). La raison en est la crise économique et la prise de conscience écologique. Alors que la piscine était envisagée comme une pièce à vivre, on peut extrapoler en disant qu’elle devient peu à peu un accessoire, comme un meuble. La piscine a toujours été assez ambiguë : elle reste un récipient, proche du design, mais c’est aussi une cavité qui touche à la topographie.
Est-ce encore un signe de luxe que de posséder sa piscine ?
Puisque la piscine reste une pièce non essentielle, on ne pourrait pas dire le contraire. Mais elle s’est tellement démocratisée que la piscine est moins un signe extérieur de richesse que dans les années . Son image aussi a changé : auparavant lieu de repli, aujourd’hui on aurait tendance à renouer avec une certaine pratique de l’espace public. On est passé du loisir familial à une pratique sportive et de bien-être.
L’expo a-t-elle pour ambition de faire rêver ?
Il y a des projets de piscines extrêmes. L’idée est de travailler sur l’imaginaire, à la fois au sens populaire et architectural. Ce qui nous intéresse, à travers la piscine, est de montrer des projets qui expriment ce que peut être l’architecture contemporaine.