Fontaine-de-Vaucluse : saint Véran fait fuir le dragon mangeur d’enfants
AFontaine-de-Vaucluse au VIe siècle, Véran, prêtre ermite venu du Gévaudan, aurait débarrassé la région d’un horrible dragon aussi nommé la Coulobre. Le monstre vivait dans le trou d’où jaillit la source de la Sorgue : lou traou dou Coulobre. La bête dévorait les jeunes du pays et il n’y avait pas un enfant qui ne finisse dans la gueule du terrible animal. Certains textes, décrivent la Coulobre comme une horrible créature ailée, moitié salamandre et moitié dragon. Sa vie aurait basculé lorsqu’elle rencontra un dragon. De leur union naquit une salamandre noire tachetée d’or, mais le «papa dragon» s’enfuit abandonnant la Coulobre dans son trou. Celle-ci chercha désespérément un nouvel époux, afin de l’aider à élever son petit. Mais nul ne voulait d’elle. Alors, entre désespoir et vengeance, elle faisait régnait la terreur parmi la population. Un jour, les villageois prièrent le prêtre de les débarrasser du monstre. Alors Véran se posta devant son antre et lui intima : « Je t’ordonne, au nom de Jésus-Christ de quitter ce lieu sur le champ!» Hypnotisé par les paroles du saint homme, l’animal sorti de sa tanière et se laissa passer une chaîne autour du cou. Véran le conduisit alors au plus haut du Lubéron et, s’adressant encore au dragon lui dit : « Je t’ordonne, par le Dieu vivant de ne plus faire de mal à personne, comme je ne t’en ai pas fait à toimême.» Cette autorité a su convaincre lou Coulobre, qui ne reparut plus jamais. Le miracle de Véran arriva jusqu’à Rome qui le sacra évêque de Cavaillon en 587. Il mourut trois ans plus tard de la peste et fut inhumé dans l’église de Fontainede-Vaucluse, où se trouvent son sarcophage et ses reliques. Cette légende est relatée dans un recueil de textes écrit par le chanoine François Mathieu, pénitencier de la cathédrale de Cavaillon en 1665. L’église restaurée et rebaptisée SaintVéran au XIe siècle par les moines de Saint-Victor de Marseille fut classée Monument Historique en 1840.
Le marquis de Provence guéri par saint Véran
Pour remercier le ciel de ce miracle, Véran fit construire, en lieu et place d’une ancienne chapelle mariale, une petite église baptisée NotreDame de Vaucluse. Celle-ci se trouve à 230 m au-dessus du fameux traou dou Coulobre. Des recherches ont également mis au jour un ancien temple païen dédié aux divinités aquatiques où se pratiquait le «culte de l’eau», sans doute pour célébrer la fertilité. Une pratique qui se déroula dès l’an 80 avant notre ère et perdura jusqu’aux prémices de la chrétienté du haut Moyen Âge vers l’an 450. En atteste divers objets représentant des symboles féminins de la fécondité, ainsi que de nombreuses pièces de monnaies de différentes époques retrouvées au fond du gouffre. Une source qui est visitée à double titre, pèlerinage et curiosité. Au XIIe siècle, Raymond IV de Toulouse, marquis de Provence, prince d’Orange, dit Raymond de SaintGilles (1042-1105) alors en route pour la Terre Sainte, Jérusalem, s’arrêta en Cavaillon avec son armée. Avant de partir chasser dans le Luberon, il avait ordonné à Benoît, évêque de Cavaillon, de l’attendre pour l’office. Ce dernier n’en tint pas compte. A son retour, le marquis furieux, lui asséna ce qu’il faut bien appeler un coup de pied au derrière. C’est alors que la jambe coupable du marquis sécha immédiatement. Il partit clopin-clopant implorer SaintVéran à Fontaine-de-Vaucluse. Pour son pardon, l’oracle du défunt ermite exigea toute une série de privilèges en faveur de l’évêque Benoît dont la moitié du fief de Vaucluse. Raymond obtempéra et fut guéri ipso-facto. Sources: Maison de Tourisme de Fontaine-deVaucluse.Tél. : 04 90 20 32 22; Guide de la Provence mystérieuse, Presse Pocket, 1974; site du Petit Patrimoine.