Steevy Boulay : « J’ai toujours su que je serai connu » Interview
Dix-sept ans après l’aventure Loft Story, pionnière de la téléréalité, le petit protégé de Laurent Ruquier revient sur son itinéraire. Loin d’être celui d’un enfant gâté
Sans vraiment le savoir, il fut une espèce de cobaye. Un rat de laboratoire, envoyé dans le Loft en 2001, pour explorer le premier audimat de la téléréalité. Avec quel succès ! Personne n’a oublié Loana dans la piscine, ni ses mèches peroxydées. Steevy aurait pu traîner cette émission comme un « Boulay ». Mais pour ce fils de parents divorcés, issu d’une famille modeste au Mans, ce fut un tremplin vers la célébrité et Laurent Ruquier, avec la radio, mais aussi le théâtre pour planches de salut. Dans Numéro complémentaire, il s’amuse même à camper une sorte de Stéphane Bern, pris en otage par une famille de nouveaux riches pour leur apprendre les bonnes manières. Lui aussi a dû apprendre les codes des réalités télé. Mais dix-sept ans après Loft Story, il continue de nous raconter son histoire, avec toujours une espèce de candeur rafraîchissante. Steevy... wonderful !
Cela fait quel effet d’incarner Stéphane Bern ?
Ah, ah, bonne question ! En plus, c’est lui qui avait interprété le rôle il y a dix ans, mais la pièce a été bien remaniée pour moderniser le texte, et ramenée à h . Après, je suis une espèce de Stéphane Bern aussi dans la vie, royaliste qui aime les têtes couronnées, les bonnes manières et le savoir-vivre.
Royaliste légitimiste, une autre façon d’être sarkozyste ?
Ah non, je ne le suis plus du tout ! À l’époque, il fallait faire un choix entre Sarkozy et Ségolène Royal. Mais je pense qu’en politique, il faut prendre un peu partout. C’est du bon sens, d’où le succès d’En marche d’ailleurs.
Steevy fan de Macron ?
J’adooore ! Moi, je veux quelqu’un qui incarne l’État, je n’ai pas envie que mon Président voyage en TGV, ni qu’il dorme dans un hôtel e classe. Marre de la présidence normale ! La fonction n’est pas normale, il faut un jeune Napoléon qui assume les ors de la République.
Vous avez été révélé par la téléréalité, mais c’est au théâtre que vous poursuivez une carrière de comédien...
Du théâtre, j’en ai toujours fait, déjà au collège. On va dire que c’est mon métier de base. J’adore être sur scène pour émouvoir les gens, et Numéro complémentaire est un petit bijou ! La télé, j’aime bien, mais je suis plutôt radio et théâtre. Les choses évoluent et on s’ouvre à d’autres univers.
Pourtant, contrairement au titre de l’émission de Laurent Ruquier, vous n’y avez quand même pas tout essayé ?
[Rires], Non, non, mais je suis encore jeune. Vous savez, moi, j’ai adoré faire Loft Story. J’en serai pas là sans cette émission. J’ai rencontré des gens formidables, ça a été un tremplin et j’ai été repéré par Laurent Ruquier.
Avec le recul, vous étiez un peu cobaye dans Loft Story ?
Ah, pas du tout ! À l’époque, je gagnais francs par mois dans un resto à h/semaine et là, on me propose francs mensuels pour rester dans une belle maison avec piscine et passer à la télé. À ans, j’ai signé tout de suite !
Avec l’envie d’être connu ?
Alors là… J’ai toujours su que j’allais l’être ! À l’école, j’avais rempli une fiche sur ce que je voulais faire plus tard en écrivant déjà : « Être derrière la caméra pour finir devant ». Et je suis tellement tête de mule que je consacre tout à mes idées fixes. Après, faut aussi se donner les chances d’y arriver, avec des concessions et beaucoup de travail.
Votre loft de rêve ?
Alors là, je sais pas… Vous savez, à l’époque, on nous avait présenté ça comme un jeu. Je n’aurai jamais imaginé faire la couverture de magazines en sortant du loft ! C’était de la démence, des gens nous guettaient en bas de chez nous. Loana et moi, c’était Madonna et Michael Jackson !
Des nouvelles de Loana ?
Toujours ! Elle a repris du poil de la bête et j’en suis content pour elle. Loft Story a été très déstabilisant pour elle. Moi, je me suis entouré de gens que j’aime, et qui m’ont fait confiance. J’habite au Mans, j’en suis même l’ambassadeur. Je ne dois pas les décevoir.
Vous mangez donc des rillettes ?
Ah oui ! Mais des bonnes, des vraies, de chez le traiteur !
Vous avez été barman aussi. Pour Tom Cruise dans Cocktail ?
[Rires]. Quand j’étais jeune, j’ai alterné les boulots, car ma mère était sans le sou. Barman dans une discothèque la nuit, serveur à Pizza Paï le jour, où mes salades étaient réputées. J’y redécorais même les bouteilles d’huile d’olive à mon nom. Avant d’être connu, j’ai bougé mon cul !
Vous êtes aussi une Grosse Tête sur RTL. Et dans la vie ?
J’ai connu la misère et je mesure ma chance d’aujourd’hui, mais je sais d’où je viens et ça me remet tout de suite en place. Je n’en suis qu’au début, j’ai encore plein de progrès à faire.
Comme dans Numéro complémentaire, ce serait quoi votre gros lot ?
Ah, je l’ai déjà décroché avec Laurent Ruquier, quelqu’un qui compte beaucoup pour moi. Quand je dis que je lui dois tout, il m’engueule : «Tu dois tout à toi-même !». Alors je bosse, je prends plaisir à lire la presse, m’éduquer, mais on a toujours tout à prouver.
Et la peluche Bourriquet, que devient-elle ?
Comme dans le Loft, Bourriquet est toujours sur mon lit !
‘‘ À la sortie du Loft, Loana et moi, c’était Madonna et Michael Jackson ! ”