Les chasseurs se sentent souvent « mal aimés »
Jean-Paul Ballottin, président de l’Union des chasseurs seynois, estime qu’il devient difficile de pratiquer la chasse sur le massif de Sicié en raison de l’hostilité « d’une minorité de fanatiques » Le jour où il n’y aplusde chasseurs, il se passe quoi,
Le président de l’Union des chasseurs seynois en a gros sur la patate. La faute au manque de gibier ? Non : plutôt à une atmosphère générale de défiance, voire de « franche
hostilité » autour de la chasse qui, d’après lui, truste les médias, les réseaux sociaux et, désormais, les chemins vallonnés. Aujourd’hui, Jean-Paul Ballottin aimerait qu’on prenne davantage en considération le travail de protection de la forêt effectué par ses adhérents. Explications.
On vous sent remonté…
A La Seyne, les chasseurs en ont carrément ras-lebol, vous voulez dire. On est devenu le mal du XXIe siècle ! On entend tout et son contraire sur la pratique de la chasse à Janas. On est vu comme des pestiférés et c’est de pire en pire.
Vous pourriez vous moquer des qu’endira-t-on, non ?
C’est le cas. Sauf que
désormais, en plus de s’en prendre à nous dans les médias ou sur les réseaux sociaux, on rencontre aussi ces gens hostiles en forêt. Alors que, bon, qui se lève l’âme pour que le gibier survive ? Qui est là, douze mois sur douze, pour prendre soin de l’écosystème ? Nous.
Vous faites vraiment face à des gens hostiles en forêt ?
Attention, d’une manière générale, les rapports restent sympas. Mais c’est
vrai qu’on se prend des remarques. Quand ce n’est pas des insultes voire des dégradations de nos installations. D’un autre côté, on sait qu’on se trouve dans une forêt périurbaine, pas sur le plateau de Signes… Qu’est-ce qui est différent en forêt périurbaine ? Les mentalités. Même si nous sommes l’ultra-minorité de la présence dans la nature, on nous déteste. Et pourtant, nous faisons partie des rares à protéger, bénévolement, la faune et la flore du massif. La faune et la flore souffrent, vous dites ? Énormément. Le massif est hyper fréquenté par des publics très différents. Le résultat, ce sont des dégâts irréversibles causés par des pratiques incontrôlées, sans la moindre réglementation. Certains adeptes des sports de pleine nature quadrillent le massif de jour comme de nuit de manière totalement anarchique. La forêt est laissée en pâture aux caprices de tous, comme un business lucratif pour les enseignes de sport.
Vous n’allez pas vous faire
que des copains avec ce genre de propos…
Le mal est déjà fait. En fin d’année, on nous a carrément accusés d’arracher la signalétique d’un trail. Ce qui était complètement faux, bien sûr. Je ne vous dis pas le torrent d’injures qu’on a récolté sur internet.
Ne pourriez-vous pas vous défendre en communiquant davantage autour de vos activités ?
Mais on essaye de le faire ! On envoie à ceux qui le souhaitent, six ou sept jours à l’avance, le lieu de nos battues. On a aussi écrit un texte qu’on a distribué aux associations (voir par ailleurs). Il définit les conditions de chasse sur les deux territoires de La Seyne et Six-Fours et précise tout ce que font les chasseurs en forêt pour la préservation et le développement de la faune.
Et vous faites quoi alors ? Si vous saviez ! Les
chasseurs font partie depuis de nombreuses années du comité communal feux de forêts et de la réserve communale de Sécurité civile. On débroussaille et on entretient les sentiers de randonneurs aussi. On ensemence et on laboure les cultures à gibier. Qui le fait, si ce n’est nous ? Et puis, tout au long des périodes de sécheresse, les chasseurs apportent l’eau nécessaire à la survie de la faune. Des espèces chassables, mais aussi des espèces non chassables, hein ! Toute l’année, on a des perdreaux rouges et des faisans qui se reproduisent et sont rencontrés par tous, pour le bonheur de tous.
Nous n’avons pas parlé des sangliers…
Eh oui, on prélève les sangliers, ces nuisibles qui n’existaient pas sur le massif il y a encore une décennie. Les chasseurs interviennent ainsi toute l’année chez les Seynois qui subissent des dégâts, ou des intrusions. Au total, on a « fait » vingt-trois sangliers depuis le deuxième dimanche de septembre. Le jour où il n’y a plus de chasseurs, d’après vous, il se passe quoi ?