Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Vingt ans requis au procès de l’étrangleur de Marseille

Les débats se sont prolongés tard hier devant la cour d’assises du Var, dans le procès en appel du meurtre d’une femme enceinte. La défense a plaidé l’acquitteme­nt au bénéfice du doute

- G. D.

Vingt ans de réclusion ont été requis hier soir devant la cour d’assises du Var contre Alexandre Martins, 39 ans, pour le meurtre d’une femme enceinte commis dans la nuit du 5 au 6 avril 2011 à Marseille (lire nos éditions précédente­s). Dans ce procès en appel, l’avocat général a demandé aux jurés varois de confirmer le verdict qu’avaient rendu les assises des Bouches-du-Rhône en avril dernier.

La partie civile plaide l’évidence

La victime, Dalila Boutobba, étranglée à mains nues à son domicile en toute fin de nuit, était non seulement enceinte de sept mois, mais également mère de quatre autres enfants. Ses deux plus jeunes filles, âgées d’un an et 6 ans le jour des faits (elles ont 8 et 13 ans désormais), vivent en famille d’accueil. «Loin de ce quartier de la Belle-de-Mai, classé comme le canton le plus dévalorisé de France », comme l’a indiqué leur avocate Me Marie-Aude Freyria. Représenta­nt les intérêts des soeurs de la victime, Me Philippe Vouland a insisté sur les points forts de cette affaire. « Il est incontesta­ble que l’ADN d’Alexandre Martins a été retrouvé sur le cou de la victime, sous ses ongles et sur son peignoir. De plus, une amie de l’accusé a indiqué que le lendemain du crime, il avait des traces de griffure sur le cou. Autre certitude, il a menti quatre fois en garde à vue sur sa présence dans l’appartemen­t de la victime. »

Un seul meurtre, mais deux victimes

Ces éléments matériels ont aussi nourri la démonstrat­ion de culpabilit­é de l’avocat général Michelle Bertrand. « Le 8 avril, il est apparu que les empreintes digitales d’Alexandre Martins avaient été relevées sur les lieux du crime. Il était inscrit au fichier depuis 1997 pour des vols de voitures. On a trouvé aussi son ADN sur la victime. Et ça ne suffirait pas pour établir sa culpabilit­é ? » Mme Bertrand a rappelé que l’accusé encourait un maximum de trente ans de réclusion pour ce meurtre. « Il n’est pas poursuivi pour le meurtre de l’enfant que portait la victime. Parce que cet enfant n’est pas né, c’était un foetus de sept mois, et donc pas une personne. Mais une femme ne porte pas un foetus. Elle porte un enfant. Je vous demande de garder à l’esprit, lors de votre délibéré, que vous jugez le meurtre d’une femme enceinte de sept mois. »

Pour la défense, on n’a pas cherché

Abordant en premier la barre pour la défense, Me Ophélie Kirsh a dressé dans sa plaidoirie l’inventaire des investigat­ions qui n’avaient pas été faites, pour aboutir à un dossier qui lui semblait incomplet. « On ne vous présente qu’Alexandre Martins, parce que c’est la dernière personne à avoir vu Dalila vivante, désigné parce qu’on a trouvé son ADN sur la scène de crime. » Pour elle, on avait négligé la piste d’un autre agresseur, surgi au domicile postérieur­ement au départ de Martins vers 22 heures, après qu’il a eu un contact intime avec la victime. «Cette femme n’avait pas que des amis. Elle se sentait suivie et en danger. Son téléphone portable a disparu. On n’a retrouvé près de son corps que la coque et la batterie. Peut-être que l’explicatio­n de ce crime se trouvait dans ce téléphone. Mais on n’a cherché personne, parce qu’on avait l’ADN de Martins. » Me Philippe Jacquemin a ensuite développé la défense sur ce thème. Le délibéré s’annonçait tardif.

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 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? La cour d’assises du Var, invitée par l’avocat général à confirmer la peine des jurés des Bouches-du-Rhône.
(Photo Dylan Meiffret) La cour d’assises du Var, invitée par l’avocat général à confirmer la peine des jurés des Bouches-du-Rhône.

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