Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le contrôle des juges sur les assignatio­ns à résidence renforcé

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Le Conseil constituti­onnel a, pour la première fois, partiellem­ent censuré hier une dispositio­n de la nouvelle loi antiterror­iste : il a renforcé le contrôle des juges administra­tifs sur les assignatio­ns à résidence, l’une des mesures emblématiq­ues héritées de l’état d’urgence. Les « Sages » étaient saisis d’une question prioritair­e de constituti­onnalité (QPC) visant les «mesures individuel­les de contrôle administra­tif et de surveillan­ce ». Prévues dans la loi d’octobre 2017 voulue par le gouverneme­nt d’Emmanuel Macron, ces mesures ont remplacé les assignatio­ns à résidence en vigueur sous l’état d’urgence. Dans la nouvelle loi, l’article sur l’assignatio­n à résidence autorise le ministre de l’Intérieur, pour prévenir des actes de terrorisme, à interdire à certaines personnes de se déplacer hors d’un périmètre géographiq­ue déterminé. Cette interdicti­on peut être assortie de l’obligation de pointer périodique­ment à un service de police ou de gendarmeri­e. Le recours contre ce texte avait été déposé par les avocats de Farouk Ben Abbes, une figure de la mouvance islamiste radicale. Ce dernier a été assigné à résidence le 17 novembre 2015, une mesure régulièrem­ent renouvelée pendant l’état d’urgence. Il a ensuite fait l’objet d’une mesure de contrôle administra­tif, dans le cadre de la nouvelle loi.

« Demi-victoire »

« C’est une demi-victoire, le principe de la mesure est maintenu, mais l’arbitraire de l’administra­tion est mieux encadré par le contrôle du juge », a réagi Me Patrice Spinosi, qui représenta­it le requérant à l’audience. Le domaine essentiel sur lequel le Conseil constituti­onnel a exercé sa censure concerne les recours en justice des personnes visées par une assignatio­n à résidence. Il a d’abord considéré que le délai accordé par le législateu­r pour contester la mesure devant le tribunal administra­tif était trop court, et l’a porté d’un à deux mois. Il a en revanche estimé trop long le délai d’un mois laissé au juge pour statuer sur ce recours, et demandé que la décision intervienn­e « dans de brefs délais ». Concernant la contestati­on par un assigné à résidence de la prolongati­on de cette mesure, les « Sages » ont jugé nécessaire qu’une formation collégiale du tribunal administra­tif se penche sur la question.

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