Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Teklehaima­not a du crédit

L’Érythréen, récemment recruté par Cofidis, a connu une première journée difficile sur les routes françaises sous la pluie. Mais dans l’équipe nordiste, on se réjouit de l’avoir fait signer

- ROMAIN LARONCHE

Évidemment, la course d’hier n’était pas vraiment taillée pour lui. Daniel Teklehaima­not, l’Érythréen, n’a pas été habitué à pédaler sous le froid et la pluie durant son enfance. Hier soir, il est arrivé transi sur la ligne à 24’55’’ de Jonathan Hivert. Hors délais de près de quatre minutes, sa course s’est arrêtée à Fayence. Mais si l’équipe Cofidis est allée chercher ce coureur longiligne il y a 15 jours, ce n’est pas pour briller cet hiver. À 29 ans, le natif de Dbarwa est loin d’être un inconnu dans le monde du vélo. Ses premières courses en Europe remontent déjà à près de dix ans quand il a intégré le Centre mondial de cyclisme, à Aigle, en Suisse, qui forme les coureurs issus de pays non-traditionn­els, et où est passé un certain Chris Froome, venu du Kenya. La médiatisat­ion de Daniel grimpe d’un seul coup, quand il dispute la Vuelta 2012. Et pour cause, il devient le premier coureur noir d’Afrique à disputer un grand Tour, avec Orica. « J’étais son directeur sportif quand il était néo-pro là-bas, se rappelle l’Azuréen Lionel Marie. C’était un jeune prometteur, mais il a aujourd’hui énormément progressé. » Sa notoriété ne s’est pas arrêtée à cette étiquette de défricheur. Rapidement, le grimpeur a des résultats sur la route. En 2015, comme en 2016, il termine le Dauphiné avec le maillot à pois. En 2015, il boucle son premier Tour avec l’équipe africaine MTN-Qhubeka à la 49e place. « Au pays, c’est une grande star, explique Awet Andemeskel, le deuxième Érythréen du peloton du haut Var-matin, dans la formation Israël cycling, de quatre ans son cadet. Après son premier Tour, il a été accueilli en héros. Pour moi, c’est comme un grand frère. Il a été mon coéquipier en équipe nationale quand je n’étais que junior. Il m’a toujours aidé, conseillé, je ne peux pas oublier tout ce qu’il a fait pour moi. Je lui parle beaucoup avant les courses. J’essaye de grimper comme lui, ce n’est pas facile (rires). Quand on s’entraîne ensemble, c’est souvent mon entraîneur. »

Vasseur : « On est ravi de l’accueillir »

Alors quand Daniel se retrouve en fin de contrat, après quatre saisons chez MTN, devenue DimensionD­ata, Cédric Vasseur, son nouveau manager général, flaire le bon coup. « Je suis arrivé le 1er novembre chez Cofidis. Notre effectif était clos, avec 25 coureurs pour la saison. Quand j’ai su qu’il n’avait pas d’équipe pour 2018, j’ai tout de suite pris contact avec son agent. On a trouvé un moyen pour l’incorporer. Quand on a du talent, on retrouve toujours une équipe. Il a trouvé refuge chez nous et on est ravi de l’accueillir. » Aussitôt intégré, aussitôt envoyé au front. Le multiple champion d’Afrique a débuté sur le Tour de Dubaï (67e) au début du mois. Et dès que la route s’élèvera, il sera davantage attendu. « Daniel, c’est un attaquant, reprend Vasseur. Il s’est retrouvé à l’avant du Dauphiné ou du Tour. Il s’inscrit dans la nouvelle philosophi­e de l’équipe, offensive. Il aura sa carte, mais il aura surtout la mission d’accompagne­r Jesus Herrada (3e à Green Mountain hier à Oman), quand on aura besoin de faire le tempo en montagne. Et puis, il ne faut pas oublier qu’il roulait pour Cavendish. C’est un polyvalent et ce sera même bien pour Nacer Bouhanni. » D’une nature réservée, Teklehaima­not est resté discret sur ses intentions cette année. Son regard s’est toutefois éclairé à l’évocation du Tour de France. « J’ai envie de vivre de grandes courses et évidemment j’espère être au départ du Tour. » Avec une vingtaine de degrés de plus, le nouveau venu de la Cofidis y sera plus à son aise.

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(Photo Frank Muller) Daniel Teklehaima­not hier matin au Cannet-des-Maures.

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