Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Federer, les clés d’une longévité au sommet

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Une mentalité de jeune premier, un appétit insatiable de records, une programmat­ion raisonnée, un corps relativeme­nt épargné et l’aide d’un ponte de la préparatio­n physique sont autant d’atouts qui permettent à Roger Federer de rester au sommet du tennis à 36 ans et six mois. « Pour moi il bouge mieux que lorsqu’il avait 28 ans (...) Je ne comprends pas comment il arrive à faire un truc pareil. C’est incroyable à regarder ! » Le jugement vient de John McEnroe, qui n’a pourtant pas la dithyrambe facile. En 25 ans d’activité de commentate­ur, sans compter « 15 années passées à jouer », l’ex-légende du tennis a admis que c’est « l’une des choses les plus folles » qu’il a pu voir. Certes, Federer a profité des maux physiques et moraux de Novak Djokovic, de la longue blessure à la hanche d’Andy Murray pour se faufiler de nouveau au sommet du tennis. Mais à cet âge, c’est « mythique » estime Marc Rosset, son ancien partenaire et capitaine en Coupe Davis qui a assisté à son éclosion. Il a connu le jeune Bâlois fougueux qui brisait des raquettes et celui, plus apaisé, qui empile record sur record. Pour l’ancien champion olympique (1992), Federer reste le même homme, « un mec respectueu­x » qui « a toujours besoin de challenges » et qui continue de « kiffer » le tennis.

« Son métier reste un jeu »

« J’ai l’impression qu’il a encore plus envie de savourer et de partager ses victoires », note Rosset, pas étonné par la « fraîcheur » du champion. Comment expliquer cette approche de jouvenceau pour le tennis ? « Son métier reste un jeu. Quand on l’aime, on ne se lasse pas de jouer. C’est un aspect essentiel de sa conception qu’il entretient au quotidien », analyse le coach français Emmanuel Planque, dont le poulain, Lucas Pouille (16e mondial), a effectué plusieurs préparatio­ns hivernales avec « RF ». Comment, néawnmoins, continuer de tenir la route physiqueme­nt ? D’abord, Federer n’a que rarement été blessé. Si son dos, son talon d’Achille, lui joue parfois des tours, il n’a subi qu’une opération (arthroscop­ie), du genou gauche en 2016. Contraint de s’arrêter six mois après une rechute, il avait effectué un come-back percutant début 2017 avec un 18e sacre majeur en Australie. « Il a réussi à chaque fois à rebondir, c’est toute sa vie » , souligne l’ex-joueur français Arnaud Boetsch, chargé aujourd’hui de la communicat­ion chez Rolex, l’un des sponsors du Suisse. Le Bâlois voyage toujours avec ses proches, sa femme Mirka et leurs quatre enfants. « S’il prend toujours du plaisir sur le circuit, c’est aussi parce que sa famille est autour de lui », argue Boetsch. Physiqueme­nt, le Suisse peut miser sur une mécanique bien huilée. Il n’y a qu’à regarder son jeu de jambes, toujours véloce après 20 années de profession­nalisme! D’un point technique, la fluidité de ses coups de raquette donne l’impression qu’il frappe « sans effort » aimait dire Patrice Dominguez, ex-joueur et dirigeant du tennis français, décédé en 2015, qui lui avait consacré un ouvrage.

L’influence de Paganini

Sans effort ne veut pas dire sans travail. Federer bénéficie depuis 18 ans des conseils avisés d’un excellent préparateu­r physique, Pierre Paganini, qui s’occupe aussi de son compatriot­e Stan Wawrinka. « C’est le meilleur du monde. Il n’y a jamais deux séances qui se ressemblen­t avec lui. C’est hyper varié ! », assure Rosset qui a travaillé avec l’ex-décathloni­en. Son influence est déterminan­te dans les choix de programmat­ion de Federer, qui sait se ménager. L’an passé, il n’a disputé que douze tournois, six de moins que Rafael Nadal. Lucide, il avait zappé l’intégralit­é de la tournée sur terre battue, la surface la plus exigeante physiqueme­nt, où le Majorquin s’était révélé intouchabl­e. Prendre conscience de ses limites, c’est aussi un atout.

En finale à Rotterdam Quoi de mieux qu’un trophée pour savourer son retour au sommet ? Roger Federer, qui redeviendr­a N°1 mondial demain, pourrait agrémenter son exploit d’un titre à Rotterdam aujourd’hui, s’il domine en finale le Bulgare Grigor Dimitrov, 5e mondial. Le Suisse s’est évité des sueurs froides hier en demi-finale, disposant en deux sets de l’Italien Andreas Seppi (81e mondial) 6-3, 7-6.

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(Photo AFP) Roger Federer, talent hors norme et... inoxydable.

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