Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un Picasso estimé à  millions de dollars

« La Femme au béret et à la robe quadrillée », une oeuvre exceptionn­elle et méconnue de l’artiste s’apprête à passer pour la première fois sous le marteau

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C’est l’oeuvre majeure de ce début d’année aux enchères. Le 28 février, « La Femme au béret et à la robe quadrillée » de Pablo Picasso (18811973) sera la star de la vente d’art moderne et contempora­in chez Sotheby’s à Londres. « C’est formidable de pouvoir présenter une peinture d’un tel calibre qui n’a jamais été proposée sur le marché auparavant », a déclaré Helena Newman, coprésiden­te de Sotheby’s Europe. Estimée à 50 millions de dollars (40,8 millions d’euros), cette huile sur toile dévoile un portrait de Marie-Thérèse Walter, amante et muse du maître catalan. Elle provient directemen­t de la succession de l’artiste. La peinture est peu connue du public, Picasso l’ayant gardé dans sa collection personnell­e pendant près de quarante ans, jusqu’à sa mort en 1973. Elle n’a été depuis exposée qu’à deux reprises, en 1986 à Basel et en 2013 à Malaga. Sur ce tableau aux couleurs vives, on découvre une Marie-Thérèse Walter âgée de 28 ans. Voilà 9 ans déjà que son destin a croisé celui de Pablo Picasso, par hasard, un jour de janvier 1927, devant les Galeries Lafayette. « Mademoisel­le, vous avez un visage intéressan­t, je voudrais faire votre portrait », lui dira l’artiste, charmé par la jeune fille blonde. Elle n’a que 17 ans, il est marié avec Olga Khokhlova. Leur liaison commence dans le plus grand secret. Ensemble ils auront une fille, Maya, en 1935. C’est en 1937 que Picasso peint « La Femme au béret et à la robe quadrillée », la même année que Guernica, son chefd’oeuvre dénonçant l’horreur de la guerre civile espagnole. Il s’agit de l’une des périodes créatives du peintre parmi les plus recherchée­s des collection­neurs. A cette époque, Picasso est en effet en pleine transition, tant dans son travail que dans sa vie privée. « La Femme au béret et à la robe quadrillée » en est un parfait exemple. Loin des premiers portraits souriants, tout en courbes et lignes sensuelles, Marie-Thérèse Walter y est représenté­e avec des traits anguleux, les lèvres serrées. A côté d’elle, une ombre se profile. Celle de Dora Maar, d’après les experts, la nouvelle maîtresse de Picasso, rencontrée en 1935. Le maître aurait d’ailleurs déclaré : «Ce doit être douloureux pour une femme de découvrir dans une peinture qu’elle est sur le point d’être quittée. » Marie-Thérèse ne pourra jamais oublier Picasso et se suicidera quatre ans après la mort de son ancien amant. Le 28 février prochain, « La Femme au béret et à la robe quadrillée » a toutes les chances de créer la surprise aux enchères. Pour rappel, une peinture comparable de Picasso réalisée en 1938, « La Femme à la résille » ,un portrait de Dora Maar, s’est vu adjugé 67,4 millions de dollars chez Christie’s en 2015. Un résultat bien endeçà du « Rêve » (1932), un portrait de Marie-Thérèse Walter, vendu pour 155 millions de dollars en 2013. D’autres peintures exceptionn­elles devraient faire le bonheur de collection­neurs fortunés lors des enchères à Londres. Parmi elles, « Le Village bleu », de Marc Chagall, réalisé entre 1955 et 1959 et estimé entre 1,6 et 2,8 millions d’euros, et « Trois femmes », de Fernand Léger, dont le prix pourrait se négocier entre 2,2 et 3,3 millions d’euros.

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Pablo Picasso (-) - « La Femme au béret et à la robe quadrillée »,  - Huile sur toile Estimation :  millions $ (, millions €).

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