Var-Matin (La Seyne / Sanary)

De vives voies

Alors que la justice vient d‘autoriser une rue « Yasser-Arafat » à Berthe, cette controvers­e rappelle que le débat sur les noms d’artères n’est pas nouveau de ce côté-ci de la rade. La preuve

- MA.D. mdalaine@nicematin.fr

À peine la justice a-t-elle accordé à La Seyne le droit d’avoir une rue YasserAraf­at que le panneau de celle-ci a déjà été dégradé. Retour sur cinq autres controvers­es qui ont eu lieu au sujet d’une dénominati­on d’artère.

Ànotre connaissan­ce, à l’exception d’une place « Yasser Arafat-Yitzhak Rabin » à Bobigny, on ne notait qu’une seule autre tentative en France de saluer, sur une pancarte, le prix Nobel de la paix de l’ancien leader palestinie­n. C’était à Belfort, en , et la décision avait finalement été ajournée en raison, notamment, de l’émoi suscité dans la communauté juive. Depuis la semaine dernière, la justice a également accordé le droit à La Seyne de baptiser «Yasser-Arafat» une de ses rues. Une première dans l’Hexagone, donc. La décision avait en réalité été prise il y a trois ans déjà, mais un élu d’opposition, Jean-Pierre Colin (UDI), qui y voyait là « un risque d’atteinte à l’image » (de la ville, ndlr) ou de« trouble à la sécurité », avait saisi le tribunal administra­tif. Son recours a été rejeté. Pourtant, la petite plaque bleue fait toujours causer. Et, depuis jeudi, elle s’est même considérab­lement assombrie (voir notre photo). Sur la Toile, on apprend ainsi qu’une « sympathisa­nte de la Ligue de défense juive a pris l’initiative de recouvrir de peinture noire cet apologie au terrorisme. (sic)» Le groupuscul­e de militants sionistes, aux méthodes musclées, a apparemmen­t décidé que si l’ordre public n’était pas menacé, il était encore temps d’y remédier… Quand, en , la municipali­té seynoise a validé à une très large majorité la décision de donner le nom de « Yasser-Arafat » à une artère située à l’entrée du quartier Berthe, elle ne se doutait probableme­nt pas que cela causerait tant de remous. Pourtant, outre le parcours et la personnali­té controvers­és de l’homme au keffieh, un coup d’oeil dans ses archives aurait pu lui mettre la puce à l’oreille. Car - même si on parle là de débats de moindre ampleur plusieurs fois par le passé, les patronymes affichés aux carrefours ont en effet causé la polémique dans le Landerneau seynois. Si la toponymie urbaine est souvent un hommage appuyé à l’Histoire, elle peut se transforme­r, parfois, en marqueur politique bon marché pour les décideurs. Et, pour leurs contempteu­rs aussi, en boulevard idéologiqu­e dans lequel ils ne manqueront jamais de s’engouffrer.

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