Recyclage, récup, on a tous droit à une seconde chance
Bassin hyérois À l’heure de l’obsolescence programmée, de plus en plus de monde se lance dans la «récup» ou la réparation pour donner un nouveau souffle à des objets destinés à la poubelle Avec Recyclos, les vieilles bicyclettes rayonnent de nouveau à Hyè
e concept est à la mode. Cartonne même sur le web où certains sites en ont fait leur fonds de commerce. La récup, le relooking, la restauration, ou simplement la réutilisation d’objets qui auraient fini à la benne il y a quelques années, est en plein essor. Par souci écologique, par passion, par conviction ou par appât du gain c’est selon, les raisons sont nombreuses pour éviter que les décharges, déchetteries ou autres stations d’épuration ne grossissent encore et encore. Nous nous sommes déjà penchés sur tout ce qui est collecte de vêtements ou jouets pour les associations, de livres pour les boîtes à livres, place aujourd’hui à quelques exemples de professionnels ou simples passionnés qui ont fait de cette «récup» leur travail. Il en existe sûrement des dizaines d’autres...
Au Repare café à Hyères, le concept d’obsolescence programmée est un terme qui n’existe pas. Tout du moins qu’on essaye de réduire à portion congrue. Installés dans les locaux de l’ISA (Initiatives solidaires azuréennes), les bénévoles de l’atelier se réunissent tous les quinze jours armés de leurs tournevis et autres pinces et attendent les objets en danger de mort imminent. Certains le sont même déjà, et avec leurs doigts de fée, ils parviennent à leur redonner vie. Cet après-midi-là c’est une imprimante, une voiture télécommandée, deux machines à café et une machine à coudre qui prennent place sur la « table d’opération ». Pascal, Denis, André, Christian ou Bernard s’occupent du reste. « On n’arrive pas a tout réparer prévient quand même Martine Martin, à l’initiative du concept. Mais de toute façon ça aurait été jeté… » Le principe est de proposer un « lieu où les bénévoles viennent nous apprendre à réparer des objets plutôt que de les jeter, autour d’un café. Les maîtres mots sont entraide, partage et convivialité», ajoute-telle.
Recherche bénévoles
«Cela s’adresse à tous, mais nous ne sommes pas là pour faire de concurrence aux artisans », d’ailleurs elle prévient : « Il faut que les appareils ne soient pas trop trop récents. On est là pour le coup de main. La dernière fois nous avons réparé une machine, nous avons passé deux après-midi dessus, un artisan ne l’aurait pas fait, ce n’est pas rentable Jean-Jacques Bessac, les deux roues à pédales ça le connaît. Lorsqu’il était facteur – durant 30 ans à Solliès –, tous les matins vers 6 heures il enfourchait sa bicyclette pour rejoindre son lieu de travail. « Parce que le vélo, c’est la liberté, c’est mon droit à la solitude », se justifie-t-il presque en souriant… Une liberté qu’il a explorée sur les routes de France et d’Europe à travers des périples au long court. Toujours seul. Une passion qui « l’anime depuis gamin », et qu’il a donc décidé de transformer en son « métier » depuis un an. À 56 ans, il s’est lancé dans la réparation et la restauration des vélos anciens. Les bolides d’aujourd’hui, il laisse ça aux autres. Lui préfère les vis grippées, les câbles détendus… « Je n’étais pas content des réparations des autres alors j’ai fait les miennes », explique-t-il. En autodidacte il se lance sur les montures des autres et profite du Petit Bazar qu’il tient en ville avec sa femme pour présenter pour lui ou pour le client », donne Martine Martin en guise d’exemple. Le coup de main, un terme qui revient dans la bouche de tous les bénévoles. Un geste qui ne coûte pas grand-chose mais qui, pour d’autres, rapporte beaucoup. «A Hyères, il y a aussi de la précarité, il y a des gens qui ne peuvent pas racheter ou faire réparer, souligne Myriam, à l’initiative de ce rendezvous aux côtés de Martine. Ça me touche.» C’est d’ailleurs pour ça que Pascal ses « créations » à la vente. Deux trônent fièrement rue des Porches, « intégralement remis à neuf. Si je peux les laisser dans leur jus je le fais, parfois je m’amuse en les repeignant.» Il restaure de vieux vélos « achetés aux puces, des vieilles pièces, ou des vélos qu’on me donne. Parfois ce n’est pas simple quand c’est un vieux vélo grippé mais ça me plaît. » Il se penche aussi sur les vieilles pièces qu’on lui apporte où les petites réparations s’est retrouvé à bidouiller les fils électriques de cette machine à expresso qui lui donne du fil à retordre. «J’essaye toujours de réparer les choses chez moi, de dépanner explique cet ancien informaticien. Je trouve dommage qu’un appareil qui tombe en panne après la date de garantie soit jeté. J’ai rencontré Martine dans un club de sport qui m’a parlé du concept et je suis venu donner un coup de main… » Un service « facturé » 50 centimes ou un euro, symbolique, qui est reversé à l’Initiative solidarité azuréennes qui les accueille dans ses locaux. « À travers ce Repare-café, on veut créer du lien social, valoriser les personnes, précise Martine Martin. Pas question donc de déposer son appareil et de repartir comme dans un traditionnel service aprèsvente. « Les gens restent ici et ils en profitent pour apprendre à être autonome, autour d’un café… » L’occasion pour Martine Martin de lancer un appel aux petites mains intéressées : « On recherche des repar’acteurs bénévoles ayant des connaissances en électricité, en informatique, petit électroménager, couture, petite mécanique, bricolage divers… » Repare-Café : 12 rue de Verdun, le vendredi de 14 à 16h30, deux fois par mois dans les locaux de l’association ISA et une fois par trimestre le samedi après-midi. Contact : reparecafehyeres@gmail.com Prochainrendez-vous:23février,9 mars,et23 mars. « du quotidien ». « Je vois des vieilles dames qui ont crevé, des roues voilées, ou des gens qui m’apportent les vélos de leurs parents à restaurer. » « C’est venu tout seul. J’ai essayé de mettre un ou deux vieux vélos dehors et les gens s’arrêtent, ça m’a étonné et j’ai continué. Cela vient doucement. Quand les gens m’achètent un vélo, ils me serrent la main. C’est différent, ce n’est pas le cas quand on vend quelque chose du magasin. » C’est dans son jardin qu’il s’adonne à sa passion. Guère lucrative, mais qu’importe. « Cela m’ennuie de voir mourir les vélos, avec, bien souvent, des pièces magnifiques. Leur donner une seconde vie, c’est bien. C’est aussi par conviction. Je suis quelqu’un de sensible à la nature. » « Le vélo c’est bon pour la planète et ça fait faire du sport ajoute-t-il, le seul problème c’est les voitures », conclut-il en bon défenseur de la petite reine. Rens. : Recyclos, 9 rue des Porches. 06.15.44.47.88