MJL fait des huiles alimentaires un carburant propre à La Crau
Ce n’est pas vraiment le produit le plus glamour à recycler. Et pourtant, Jean-Louis Muscatelli, l’un des trois fondateurs de l’entreprise M2JL, n’y va pas par quatre chemins. «Quand on sait qu’on peut recycler l’huile alimentaire à 95 %, la rejeter est un crime contre l’environnement. » Et cet ancien travailleur dans le traitement des déchets dangereux durant un quart de siècle sait de quoi il parle. Depuis trois ans, il s’est lancé avec les frères Santiago – qui tiennent World Recycling – dans le traitement d’un produit habitué à accueillir frites et autres beignets. « Pour le moment on s’adresse aux restaurateurs. On offre 100 % de la prestation. On a des conteneurs de différentes capacités, on met en place un contrat avec les restaurateurs pour qu’ils puissent répondre à leurs obligations. À chaque enlèvement on leur remet un bon. Notre modèle économique est basé sur la qualité de l’huile et le volume renvoyé dans la filière bio carburant (qui représente 8 % du diesel dans l’Hexagone, ndlr) », explique-t-il. On filtre l’huile, on la centrifuge pour la débarrasser de tout agent alimentaire ». Focalisée sur le Var, pour «favoriser l’économie circulaire », une notion capitale à ses yeux, l’entreprise installée dans la ZA de Gavarry possède déjà comme « clients » « un peu plus de 2000 restaurants sur les 4 500 du département. » Ainsi que d’autres grosses machines comme la Marine nationale. Pour les convaincre, Jean-Louis Muscatelli mise sur la « fibre écolo » des restaurateurs. « Pourquoi faire collecter son huile par des entreprises niçoises, lyonnaises ou autres. On a un gisement local, collecté par un local, et on recycle local. On crée des emplois locaux, non délocalisables, et on est un partenaire actif de l’économie locale souligne-t-il. Il faut penser au bilan carbone. Le jour où la taxe carbone sera mise en place cela favorisera les circuits courts. »
Le Var progresse
Pour mieux illustrer un peu plus ses propos et faire prendre conscience à tous, restaurateurs, élus ou simples citoyens, de l’importance du recyclage de l’huile, JeanLouis Muscatelli cite un chiffre plus que parlant. «Un litre d’huile rejeté, c’est 1 000 litres d’eau potable souillés. Vu la rareté de l’eau et le coût, si cela pouvait faire prendre conscience à certains… L’huile alimentaire est un produit hyper noble une fois retraité. Avant c’est une saloperie. Pas dangereuse, mais qui souille tout ce qu’elle touche. »Et d’ajouter, car c’est souvent lorsqu’on s’adresse au portefeuille que les choses bougent : « Tout ce qui est collecté c’est autant d’économie pour les collectivités locales. L’entretien du réseau coûte une fortune. C’est un produit qui présente énormément de nuisances, qui bouche les canalisations, sature les stations d’épuration » et fait donc gonfler les taxes d’assainissement. Sans oublier l’utilisation possible du produit qui sort de l’entreprise une fois traité. « En bio carburant on récupère 30 %de la valeur énergétique finale. En bio combustible, on est à 70 %. Il peut être utilisé dans les chaudières, les serres, les centrales vapeurs… » Avouant que « le Var devient gentiment un bon élève avec des restaurateurs sensibles à l’environnement », il souhaite maintenant «les faire passer à l’économie circulaire» et s’adresser aux foyers individuels. « On travaille pour mettre en place des points de collecte pour les particuliers, c’est en bonne voie. »Dès lors vous n’aurez plus d’excuses. À la mauvaise conscience d’avoir manger des frites, vous pourrez compenser par une belle action en amenant l’objet du délit dans une cuve de tri…