Le calcul de Laurent Wauquiez
On dira tout de Laurent Wauquiez, le nouveau patron des Républicains, sauf qu’il est novice en politique. Malgré son jeune âge, il a déjà derrière lui une longue carrière politique : il a été élu député pour la première fois ilyatreizeans,ila été sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy deux fois secrétaire d’État et même porte-parole du gouvernement, puis deux fois ministre, bref, si on ajoute que, ancien élève de l’Ecole normale supérieure, il a été reçu premier en au concours d’agrégation d’histoire, puis à l’ENA, on se dit qu’il est loin d’être naïf. S’est-il vraiment, autant qu’on l’a dit cette semaine, laissé piéger par un auditoire de étudiants, qu’il ne connaissait pas, et qui auraient rendu publics des propos musclés qu’il a tenus en privé ? C’est difficile à croire: tous les hommes politiques aujourd’hui savent que les téléphones portables, chez les moins de ans surtout, se transforment aisément en caméras ou en dictaphones. Ceci pour dire que, toute réflexion faite, on a peine à croire que Laurent Wauquiez se soit laissé avoir comme un « bleu ». Et s’il avait profité de la circonstance, au contraire, pour affirmer sa vraie personnalité ? Celle d’un homme politique qui refuse la langue de bois, qui ne prend pas de précautions pour rassurer tel ou tel, y compris dans son propre camp, et a choisi d’attaquer frontalement ses adversaires, le Président de la République, les ministres de son gouvernement. Nicolas Sarkozy, dans ce cas, aurait-il n’été atteint que d’une balle perdue? Peut-être. Encore que, dans son for intérieur, Laurent Wauquiez ne serait sûrement pas fâché de se débarrasser de la statue du Commandeur de l’ancien président de la République. En réalité, Laurent Wauquiez, dans la stratégie qu’il a choisie, a tout à gagner à parler « cash » : il n’a plus rien à attendre des Républicains qui s’apprêtent à rejoindre La République en marche, ou même de ceux qui se sont rangés derrière Valérie Pécresse. Il a choisi de s’adresser au « peuple de droite » : à sa base d’abord, les militants et les cadres qui ont fait de lui leur Président, et au-delà, aux déçus de Marine Le Pen, à ceux que ne séduit pas la tentative politique de Florian Philippot. Sans oublier à l’ensemble des mécontents. Une gaffe ? Un calcul délibéré, au contraire.
« Et s’il avait profité de la circonstance, au contraire, pour affirmer sa vraie personnalité ? »