Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le calcul de Laurent Wauquiez

- MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

On dira tout de Laurent Wauquiez, le nouveau patron des Républicai­ns, sauf qu’il est novice en politique. Malgré son jeune âge, il a déjà derrière lui une longue carrière politique : il a été élu député pour la première fois ilyatreize­ans,ila été sous le quinquenna­t de Nicolas Sarkozy deux fois secrétaire d’État et même porte-parole du gouverneme­nt, puis deux fois ministre, bref, si on ajoute que, ancien élève de l’Ecole normale supérieure, il a été reçu premier en  au concours d’agrégation d’histoire, puis à l’ENA, on se dit qu’il est loin d’être naïf. S’est-il vraiment, autant qu’on l’a dit cette semaine, laissé piéger par un auditoire de  étudiants, qu’il ne connaissai­t pas, et qui auraient rendu publics des propos musclés qu’il a tenus en privé ? C’est difficile à croire: tous les hommes politiques aujourd’hui savent que les téléphones portables, chez les moins de  ans surtout, se transforme­nt aisément en caméras ou en dictaphone­s. Ceci pour dire que, toute réflexion faite, on a peine à croire que Laurent Wauquiez se soit laissé avoir comme un « bleu ». Et s’il avait profité de la circonstan­ce, au contraire, pour affirmer sa vraie personnali­té ? Celle d’un homme politique qui refuse la langue de bois, qui ne prend pas de précaution­s pour rassurer tel ou tel, y compris dans son propre camp, et a choisi d’attaquer frontaleme­nt ses adversaire­s, le Président de la République, les ministres de son gouverneme­nt. Nicolas Sarkozy, dans ce cas, aurait-il n’été atteint que d’une balle perdue? Peut-être. Encore que, dans son for intérieur, Laurent Wauquiez ne serait sûrement pas fâché de se débarrasse­r de la statue du Commandeur de l’ancien président de la République. En réalité, Laurent Wauquiez, dans la stratégie qu’il a choisie, a tout à gagner à parler « cash » : il n’a plus rien à attendre des Républicai­ns qui s’apprêtent à rejoindre La République en marche, ou même de ceux qui se sont rangés derrière Valérie Pécresse. Il a choisi de s’adresser au « peuple de droite » : à sa base d’abord, les militants et les cadres qui ont fait de lui leur Président, et au-delà, aux déçus de Marine Le Pen, à ceux que ne séduit pas la tentative politique de Florian Philippot. Sans oublier à l’ensemble des mécontents. Une gaffe ? Un calcul délibéré, au contraire.

« Et s’il avait profité de la circonstan­ce, au contraire, pour affirmer sa vraie personnali­té ? »

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