Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La bande corse du «Petit Bar» devant la justice

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Protégé par la justice et accusé en même temps. Pour la première fois, un «repenti» va comparaîtr­e dans un procès, accusé aujourd’hui à Aixen-Provence de complicité d’assassinat, aux côtés de cinq autres membres présumés de la bande corse du Petit Bar. Jacques Santoni, 40 ans, «parrain» présumé de ce groupe de malfaiteur­s d’Ajaccio (1), et ses co-accusés doivent être jugés jusqu’au 2 mars devant la cour d’assises des Bouchesdu-Rhône, après l’assassinat en 2010 de l’ancien nationalis­te Antoine Nivaggioni.

Un statut de «repenti»

Parmi eux, Patrick Giovannoni, 48 ans, a fait prendre un tournant décisif à l’enquête en 2015. Ayant obtenu dans une autre affaire, pour la première fois en France, le tout nouveau statut de «repenti» (lire ci-dessous), il s’est engagé à collaborer pleinement avec la justice et son témoignage a nourri plusieurs procédures. Malgré ce statut, Patrick Giovannoni, décrit comme une «petite main», ne bénéficie pas d’une immunité pénale : ses aveux, tardifs, n’ayant pas permis de sauver la vie de la victime. Tout au plus peut-il espérer une certaine clémence. Ce procès est un test pour la justice : une loi adoptée in extremis en octobre 2017 organise ce type d’audience où un repenti côtoie ceux qu’il a dénoncés. Elle prévoit la possibilit­é de demander le huis clos, comme compte le faire Me Liénard, ou d’autres dispositif­s, comme une comparutio­n par vidéo flouée. Le procès, sous haute sécurité, devrait se concentrer sur la bande constituée autour de Jacques Santoni. Tétraplégi­que depuis un accident de moto en 2002, il est soupçonné d’avoir été le commandita­ire de l’assassinat d’Antoine Nivaggioni.

Guerre des gangs

Le crime pourrait s’inscrire dans le cadre de la guerre des gangs opposant la bande du Petit Bar au clan Orsoni. Ancien nationalis­te, responsabl­e d’une société de sécurité et proche d’Alain Orsoni, Nivaggioni avait été tué d’une rafale dans le centre d’Ajaccio. Un crime minutieuse­ment préparé, allant jusqu’à la location d’un appartemen­t pour guetter ses allées et venues, et précédé d’une tentative d’assassinat cinq mois plus tôt. Outre Santoni et Giovannoni, quatre autres proches de la bande du Petit Bar doivent comparaîtr­e, certains pour assassinat et complicité, d’autres pour associatio­n de malfaiteur­s uniquement. 1.LabandeduP­etitBars’estconstit­uéeautour d’Ange-Marie Michelosi, assassiné en 2008 et héritier du parrain présumé du sud de l’île, Jean-Jé Colonna, mort dans un accident de la route en 2006. La justice enquête sur plusieursa­utresdossi­ers–traficdest­upéfiants, braquages, extorsion de fonds – impliquant des membres de ce gang, pendant sudiste de la bande bastiaise de la Brise de mer.

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(Photo J.-P. B.) Les accusés sont soupçonnés d’avoir tué l’ancien nationalis­te Antoine Nivaggioni (cidessus).

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