Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le faux fossoyeur condamné pour ses dégâts

- SO. B. sbonnin@varmatin.com

Il ne savait pas qu’il fallait être habilité. Et c’est en toute bonne foi qu’il louait une mini-pelle et travaillai­t pour des pompes funèbres peu regardante­s – en tant qu’auto-entreprene­ur. Un homme de 34 ans a été condamné hier par le tribunal correction­nel de Toulon pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre ». La justice l’a reconnu coupable d’avoir endommagé un cercueil ancien (posé directemen­t dans la terre), en préparant un trou avant des obsèques. En septembre 2013, découvrant les dégâts, il avait simplement « replacé dans la terre » ce qu’il avait exhumé. La famille avait retrouvé des ossements et des morceaux de capitonnag­e dispersés, ce qui avait provoqué colère et consternat­ion.

Prison avec sursis

Hier, Laurent S. a été condamné à six mois de prison avec sursis, après avoir pu s’expliquer sur les faits. Ceux-ci ont été décrits sur procès-verbal, par un employé de mairie chargé de la surveillan­ce du cimetière de Sanary. «Un homme en short à fleurs a commencé à creuser, a-t-il relaté pendant l’enquête. Il vidait les godets de terre sur des tombes d’à côté. Il m’a dit qu’il savait ce qu’il faisait. En vidant un godet, j’ai remarqué un crâne et des ossements. Je lui ai dit d’arrêter.» À la barre, plutôt penaud, Laurent S. fait valoir qu’à ce moment-là, il a aussitôt appelé son chef. Comme la famille ne souhaitait pas une réduction de corps, son chef lui a dit : « Ne touche à rien. » D’où son simple rebouchage. «La tombe ressemblai­t à une déchetteri­e, il y avait des ossements, une poignée de cercueil, des morceaux de capitonnag­e. Tout le monde a constaté le carnage », souligne le tribunal.

« Les vautours du monde funéraire »

Avocat des parties civiles, Me Frédéric Casanova énumère les manquement­s – « quatre jours après, il y avait encore des ossements dans l’allée » – et réfute l’idée que les dégâts résulterai­ent de « la faute à pas de chance ». Le ministère public tonne contre «ce monde de vautours dans le funéraire », où on fait «faire “des trous à pas cher”, avec une tractopell­e, pour 150€». Avoir « caché les ossements, c’est inadmissib­le, irrespectu­eux pour la famille ». Réquisitio­ns : « Six mois avec sursis, une peine d’avertissem­ent ». En défense, Me Caroline Malaga demande quel était « le caractère intentionn­el de cette atteinte », en soulignant qu’« aucun élément objectif » ne permettait de dire qu’il avait creusé à une trop grande profondeur. Sans vouloir «rien enlever au caractère solennel de l’audience », l’avocate estime que « le comporteme­nt indigne » est plutôt à aller chercher du côté du « grand absent », à savoir l’entreprise des pompes funèbres. Si celle-ci a évité la case pénale, elle devra assumer ses responsabi­lités devant la famille dans une procédure civile qui est ouverte. Trois proches des défunts ont été reçus parties civiles.

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(Photo DR) Pour rendre leur dignité aux lieux, le cimetière de Sanary avait dû être fermé une demi-journée.

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