Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Refonte de la SNCF: vers la fin des privilèges?

Après la remise du rapport Spinetta, le gouverneme­nt a lancé, hier, le chantier très sensible de l’avenir de la SNCF. Les syndicats vent debout dénoncent un sabordage

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Le ton était donné, hier, par les syndicats. Ils préviennen­t qu’une remise en cause du statut de cheminot à l’embauche serait un casus belli, mais le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a dit, hier matin, que sa suppressio­n n’est pas un « tabou ». « L’enjeu des rencontres cette semaine » est « d’abord d’écouter ce que chaque acteur attend de la réforme, et d’entendre leurs réactions au rapport », adéclaré la ministre des Transports Elisabeth Borne. « Nous sommes dans un état d’esprit d’écoute, de dialogue et aussi de clarté sur la nécessité d’agir ». La méthode et le calendrier seront annoncés le 26 février à Matignon.

Grève le  mars

Le 22 mars, jour de grève dans la fonction publique, cheminots et usagers se rassembler­ont à l’appel de la CGT-Cheminots (1er syndicat) pour une « manifestat­ion nationale » à Paris visant à défendre « un service public SNCF de qualité ». La France insoumise sera à leurs côtés, a indiqué le député Alexis Corbière. Hier, Guillaume Pepy, président du groupe et PDG de SNCF Mobilités, Frédéric Saint-Geours, président du conseil de surveillan­ce, et Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau, ont été reçus par Edouard Philippe à Matignon pour évoquer les profondes réformes préconisée­s. Le trio est sorti sans faire de déclaratio­n. Les quatre syndicats représenta­tifs à la SNCF (CGT, Unsa, SUD et CFDT) sont reçus séparément par Mme Borne au ministère des Transports. Première à avoir été entendue dans la matinée, l’Unsa-Ferroviair­e (2e syndicat) s’est félicitée d’une ministre « plutôt ouverte à la concertati­on ». « Elle a un peu pondéré le rapport », a déclaré Roger Dillensege­r (Unsa). « On a eu une meilleure écoute auprès du ministère qu’auprès de M. Spinetta », à qui des contributi­ons avaient été transmises sans être « retenues », a-t-il dit. Une intersyndi­cale est prévue jeudi soir pour discuter du rapport Spinetta et « des actions à mener », a-t-il par ailleurs fait savoir. Edouard Philippe rencontrer­a les représenta­nts des usagers et des régions le reste de la semaine.

Fin du statut de cheminot

Parmi les pistes évoquées dans le rapport commandé à l’ex-président d’Air France : une transforma­tion en « sociétés nationales à capitaux publics » des deux principale­s composante­s de l’entreprise, SNCF Mobilités et SNCF Réseau, aujourd’hui établissem­ents publics à caractère industriel et commercial (Epic), et la fin du statut de cheminot à l’embauche. Une ouverture à la concurrenc­e est prévue fin 2020 pour les TGV et fin 2023 pour les TER. Les syndicats dénoncent à l’unisson un « sabordage » et « une stratégie anti-ferroviair­e », selon les mots de la CGT-Cheminots, avec « des mesures de rentabilit­é visant exclusivem­ent à la rationalis­ation du transport ferroviair­e » selon l’Unsa-Ferroviair­e. Dans le cadre de leur transfert éventuel vers de nouveaux opérateurs que la SNCF, les cheminots doivent pouvoir emporter des éléments de leur statut avec eux, dans un « sac à dos social », a estimé Mme Borne dimanche. Pour les syndicats, les mesures préconisée­s ne régleront pas le problème numéro un, celui de la dette de SNCF Réseau qui devrait dépasser les 50 milliards d’euros en 2018. Elle « doit être intégralem­ent reprise par l’État » car « elle provient des choix d’investisse­ments publics et n’a pas à être supportée » par les cheminots, souligne la CFDT-Cheminots (4e syndicat).

Des lignes secondaire­s fermées ?

La question d’un risque de « rupture d’égalité des citoyens » et d’un accroissem­ent de la « fracture territoria­le » est aussi sur la table, avec la fermeture conseillée de milliers de kilomètres de lignes secondaire­s et le désengagem­ent de l’Etat au profit des régions. Le président des Hauts-deFrance, Xavier Bertrand, s’est inquiété qu’avec les fermetures de lignes, les usagers soient « les grands oubliés » du rapport. Mais Matignon a assuré que la « discussion étroite avec les régions et les territoire­s » se ferait « dans le respect » des CPER.

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