« A Nice, un agent s’est retrouvé en danger »
Xavier Depecker, représentant syndical de la police technique et scientifique
Il y a un mois, en plein après-midi, bd Delfino à Nice, un agent féminin de la police technique et scientifique (PTS) s’est retrouvée nez à nez avec deux cambrioleurs. Son collègue, armé, était alors occupé à l’étage. Heureusement, tout s’est bien terminé mais ce genre d’incidents, de plus en plus fréquents selon Xavier Depecker, secrétaire national PTS SNIPAT, pose le problème de la sécurité et du statut des « Experts » français.
Lors des constatations de police scientifique sur une scène de délit ou de crime, les agents sont-ils systématiquement accompagnés de fonctionnaires armés ?
Oui, en principe. Mais les effectifs étant ce qu’ils sont, il arrive que l’équipage police secours quitte les lieux pour une autre mission. L’agent peut alors se retrouver seul en train d’effectuer les constatations d’usage (photos, relevés d’empreintes, prélèvements de traces ADN…) Le personnel est régulièrement confronté à ce genre de situation. Il n’y a pas si longtemps, des malfaiteurs sont revenus chercher des armes alors qu’un collègue effectuait des constatations. La présence obligatoire d’un policier armée accompagnant l’agent de la police technique et scientifique n’est pas toujours respectée malgré les instructions de la direction.
Souhaitez-vous que les agents de la police scientifique soient armés ?
C’est un débat qui nous a agités en interne. Il faut préciser que l’administration ne donne aucune formation en self-défense. Or nous sommes des fonctionnaires de police, nous sommes amenés à nous retrouver avec un gardé à vue pour une prise d’empreinte, un prélèvement ADN.
Vous souhaitez être considéré comme du personnel de catégorie « active » et non plus « sédentaire »?
Absolument, comme nos homologues de la gendarmerie ou les infirmières. On se déplace, on manipule des produits dangereux, on a des horaires de nuit, des astreintes, on est en contact avec des populations à risque, des victimes à gérer… En , on nous a dotés d’un gilet pare-balles, preuve qu’on est exposé. Les collègues, surtout dans les petits commissariats où ils ne sont que trois ou quatre, accumulent les heures. Nous sommes devenus indispensables aux officiers de police judiciaire. Un tiers des affaires élucidées le sont grâce à la police technique et scientifique. Or nous ne représentons que % des fonctionnaires de la police nationale.
Que sont devenus les deux cambrioleurs du boulevard Delfino ?
Interpellés et placés en garde à vue, ils ont été sanctionnés par le parquet d’un « rappel à la loi » avant d’être relâchés. Alors que la lutte contre les cambriolages est censée être une priorité nationale et que les deux auteurs étaient en situation irrégulière sur le territoire.