JOURNÉE, LA ROCHELLE - TOULON : - ) « Il se passe quelque chose... »
Le président Mourad Boudjellal ne pouvait pas cacher sa fierté hier devant la performance XXL de ses joueurs. S’il ne s’emballe pas, il réaffirme haut et fort sa volonté de gagner un titre
Mourad Boudjellal a souffert. Soufflé. S’est souvent souvenu des campagnes perdues d’un rien cette saison. « Pour d’obscures raisons dont je ne veux plus parler... » Mais devant son petit écran, le président du RCT s’est brusquement remis à y croire. Jusqu’à ce dernier ballon gratté par Lobbe. « Il est encore pas mal papy... »Et ce succès. Inespéré. « Ah oui, elle est belle celle-là ! On a gagné chez une équipe réputée invincible à domicile. Quelle récompense pour le staff. Il a été tellement critiqué. Il faut dire que les Toulonnais sont impatients... » Lui aussi. Parfois. Au point, à Agen, de franchir la ligne blanche dans les vestiaires. D’adresser « des mots très durs aux joueurs. A la limite de l’humiliation... »
« Belleau n’est plus un enfant »
Peut-être a-t-il cherché alors l’électrochoc. A bousculer cette pléiade de stars, un tantinet en charentaises. Le boss ne regrette rien. Préférant avouer : « Ils m’ont démontré que j’avais tort... » Toutefois, pas question de grimper au rideau. De se prendre pour un king, sous peine d’entendre résonner le gong. « On n’a encore rien gagné. Mais avec ce succès à La Rochelle, on peut rêver aux phases finales. » Car Toulon a retrouvé son lustre d’antan. Sa rage de remonter le courant. De ne pas abdiquer, même aux vents mauvais. « Ona souvent été menés au score et on est toujours revenus. C’est un signe à mes yeux. » Un signe que ce groupe trouve peu à peu ses marques. « Qu’il digère le nouveau plan de jeu. Je vous le dis, il se passe quelque chose... » Et les meilleurs ambassadeurs de cette mutation ne seraient-ils pas le vétéran Attwood et le minot Belleau. Sur le premier, il précise : « Il nous fait un bien énorme et me fait rire quand il dit : Je ne comprends pas tout ce remue-ménage autour de l’équipe. Tout se passe bien, on enchaîne les victoires... » Sur le second, cette fois il confesse : « Anthony a peut-être fait son plus beau match avec nous. Avec Carbonnel, ce sont des bébés Wilkinson. Il a passé un cap. » Un cap Horn même depuis son éviction - provisoire - de l’équipe de France. « Je ne sais pas ce qu’il a pris en Ecosse, mais vu son niveau aujourd’hui (lire hier), j’en veux bien. Plus sérieusement, c’est peut-être un mal pour un bien. Il n’a pas été traité comme un enfant mais comme un professionnel et ça remet les pieds sur terre. » Mourad ne s’appesantira pas sur le sujet. Préférant souligner la performance d’ensemble du RCT, « Dont je suis très fier. Surtout que beaucoup de gens doutaient de nous. Mais je ne m’emballe pas non plus... »
Torses nus samedi à Lyon
L’animal n’est pas tombé de la dernière pluie. Il a connu trop de joies et de désillusions en 10 ans de présidence pour déjà lever les bras au ciel. Il analyse ses cartes. Froidement. « On n’est pas encore champion de France. Mais je constate qu’il nous manquait des joueurs retenus avec les Bleus. Donc on a envoyé un message à ceux qui nous avaient enterrés prématurément. » Un message au rugby français mais également au rugby européen. Nul doute que les Irlandais du Munster ne voient plus ces Toulonnais comme un amuse-bouche entre deux pintes... « On veut gagner un titre et ça passait, allez savoir, peut-être par cet exploit à La Rochelle. Il va juste me coûter cher... » Cher, en maillot puisque le président avait accordé à ses hommes le droit de conserver leur tunique en cas de victoire à l’extérieur. « On n’en a pas reçu, donc on risque fort de jouer à Lyon torse nu... » Qu’importe, les Tarzan de la rade ne craignent plus dégun.