Le mimosa en héritage depuis plus de trente ans Saga
Si ces jolies grappes jaunes illuminent en hiver l’ensemble de la Côte d’Azur, son spécialiste se trouve à Bormes-les-Mimosas. Et les Cavatore se sont transmis le virus de père en fils
Paysagiste pendant douze ans, Gérard Cavatore a créé son entreprise en 1981 et s’est très vite pris de passion pour cette plante australienne, issue de la famille des acacias. Sur les conseils d’un oncle de son épouse, il a d’abord appris à réaliser sa greffe et en a fait sa spécialité à partir de 1990. Tant et si bien que le Conservatoire des collections végétales spécialisées lui a décerné, en 1992, la collection nationale d’acacias. Un label et un gage de reconnaissance pour ce collectionneur qui a depuis passé la main à son fils Julien, à la tête aujourd’hui d’une collection de plus de 180 espèces.
Jusqu’à mimosas par an dans les années
Comme le raconte Julien, 34 ans : « Au départ, mes parents ont focalisé leur production sur le segment des professionnels. Ils vendaient jusqu’à 25 000 mimosas par an. Ils faisaient appel à une dizaine de saisonniers en été pour greffer les arbres. » Mais dans les années 2000, les Italiens envahissent le marché et cassent les prix. La concurrence oblige la famille Cavatore à réduire sa production pour ne plus vendre que 5 000 plantes par an et se tourner seulement vers les particuliers. En 2012, Gérard Cavatore prend sa retraite et c’est Julien, son fils cadet, qui lui succède, aidé par son frère Jean-Baptiste, qui, lui, a choisi de devenir paysagiste. « Cette année-là, on a vendu l’ancien site qui se trouvait dans la plaine de Bormes pour venir s’installer avenue André del Monte sur un terrain d’1,2 hectare que j’avais racheté un an plus tôt », raconte Julien. Tombé dans les grappes jaunes depuis qu’il est tout petit, le jeune pépiniériste avait déjà travaillé plus de six ans aux côtés de son papa et préparait la reprise. Avec son BTS aménagement paysager en poche, il est même parti vivre un an en Australie visiter des pépinières à la recherche de nouvelles espèces. Un peu comme le botaniste James Cook revenu en Angleterre avec cet or jaune au XVIIIe siècle.
Une passion avant tout
« Nos parents nous ont transmis à moi et mon frère cette passion des plantes, pas seulement des mimosas. Mon projet est de continuer cette collection, de l’exploiter et d’introduire de nouvelles espèces. J’ai acquis une expérience sur les plantes australiennes. D’ailleurs, nous travaillons avec la banque de graines à Albany, confie Julien. Je veux aussi développer toutes les autres plantes méditerranéennes de terrains secs, notamment australiennes, car elles sont adaptables à notre région. Elles ont développé une résistance à la sécheresse. » Et le jeune entrepreneur compte apporter sa touche personnelle à l’entreprise familiale. En diversifiant sa collection et ses produits, il entend aussi les faire mieux connaître du grand public. Après avoir relooké son site de vente en ligne, il a créé un jardin d’agrément de 800 m², ouvert à la visite, pour mettre en scène ses végétaux. Il mise aussi sur la production de mimosa en pleine terre et de grande taille. Un marché à saisir selon lui et peu risqué puisque le mimosa pousse si vite qu’il ne lui faut que deux à trois ans pour jouer dans la cour des grands. En revanche, ne lui parlez pas du mimosa sauvage, sacrilège ! Le cousin invasif est plutôt mal vu par ici. « Nous, on ne diffuse que de la variété horticole issue de la sélection. Elle lui ressemble mais son impact est moindre car sa semence est stérile. Elle fleurit dès la première année. Elle ne drageonne pas. On défend nos mimosas. Le grain est plus gros et la feuille est plus large. »