La vie de berger par - degrés dans le Var
Au fond de notre arrière-pays varois, se nichent de charmants petits villages où des bergers passionnés ont appris depuis longtemps à savourer le temps qui passe, malgré le froid… Rencontres
Ils sont magnifiques ces bergers avec une barbe grisonnante de plusieurs mois, les traits creusés par la météo, les cernes témoignages de leur engagement quotidien avec leurs troupeaux, les rides accentuées par les soucis au quotidien et le regard vif qui reflète leur passion. À Châteauvieux, un petit village au-dessus de la Bastide, perché en limite des Alpes-de-HauteProvence, Bernard Bellini et son épouse Martine Baron, Claude et Chantal Bietry vivent leur passion d’éleveurs depuis plusieurs dizaines d’années. Pour Claude et Chantal Bietry, la soixantaine passée, éleveurs de brebis et de chèvres laitières, « l’hiver nous ne sommes plus en période de production, cela nous permet de souffler un peu. Plus de livraisons de fromages, plus de marchés ». Les brebis restent à la bergerie. « On les sort un peu, histoire de leur dégourdir les jambes ». Elles se préparent à mettre bas. « C’est aussi une période importante, une surveillance jour et nuit, les soins à apporter aux chevreaux, désinfecter les cordons des agneaux. Ici les températures peuvent descendre en dessous des 10 degrés : heureusement c’est bon pour la nature, pour la végétation. Ça tue des insectes indésirables ». Dès la fin de l’hiver, Claude et Chantal devront nettoyer la bergerie et préparer la fromagerie.
Des hivers moins rudes
Quelques maisons plus bas, Bernard Bellini, 58 ans et « Baron » son épouse (on l’appelle comme ça), éleveurs d’agneaux ont fait le choix de la vente directe aux particuliers : Nans, 28 ans, leur fils aîné a rejoint l’exploitation. Sur les collines des Graous, les troupeaux, plus de mille bêtes avec une vingtaine de béliers sont surveillés de près par une dizaine de patous. La période d’agnelage débutée mi-janvier va s’achever à la fin du mois de février : «
‘‘L’hiver nous permet de souffler un peu”
sont moins rudes qu’avant, lance Bernard Bellini. Et même s’il « n’y en a presque plus », la neige tombe encore dans le village. Et pour ce qui est des courses on descend tous les quinze jours à la ville, à Draguignan. Ferrando qui vient de fêter ses 74ans surveille son troupeau. D’un abord méfiant, il pose son vieux journal pour accepter de me parler : « la passion du mouton m’a terrassé toute ma vie. Je me soigne avec les moutons. Le vrai métier de berger un seul l’enseigne : le ciel ». Pour Armand, l’hiver n’a plus rien à voir avec ce que l’on vivait : « le réchauffement climatique avec la baisse de l’eau et le tarissement des sources ce n’est pas une vue de l’esprit : dans vingt ans, ce n’est plus des moutons que l’on gardera, mais des chameaux ».
Le vrai métier de berger un seul l’enseigne: le ciel ”