Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Passer du paternalis­me au partenaria­t

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Si de nos jours, la voix des représenta­nts de patients est entendue dans les instances de direction des établissem­ents de santé, c’est le fruit d’une longue évolution que rappelle Monique Mazard, directeur qualité, risque, évaluation et responsabl­e du pôle parcours patient au CHU de Nice : « Les années  ont été celles de l’intégratio­n des patients dans les instances de direction. Les années  ont scellé la prise en compte du patient dans son parcours de soin. Mais tout ceci n’est pas simple; ça implique un changement de culture, de mentalité. Pour les usagers aussi. Il faut mettre en oeuvre une réflexion autour des parcours pour résoudre ces sujets grâce à des outils et des moyens au service du patient.» Pour pouvoir faire entendre leur voix, encore faut-il que les malades se saisissent de ces questions. Les choses seraient, sur ce plan, en bonne voie. « Les représenta­nts des usagers commencent à être bien formés et informés. Ils se sentent mieux intégrés à la vie de l’établissem­ent », se réjouit JeanMarc Pelser, directeur adjoint du Centre hospitalie­r d’Antibes-Juanles-Pins et vice-président de la commission des usagers. Pour Michel Salvadori, directeur de l’Institut Arnault Tzanck « chacun (profession­nels et usagers, Ndlr) doit changer. Nous essayons de prendre le relais au niveau de notre établissem­ent pour permettre aux patients d’exercer leurs droits.» Au CHPG aussi, on favorise la prise de paroles par les usagers : « Nous écoutons les patients. Nos profession­nels se questionne­nt et se montrent réactifs lorsque des remarques sont formulées », souligne Nathalie Roger-Clément, directrice adjointe. Les services d’urgences doivent eux aussi composer avec les retours des usagers. Le Dr Eric Reau, médecinurg­entiste au CH d’Antibes, raconte : « Lorsqu’on reçoit un courrier de plainte, on propose une rencontre avec le médecin médiateur. Depuis que l’on a mis en place ce système, on reçoit beaucoup de demandes. Cela montre le besoin d’informatio­n et de dialogue. Les patients veulent pouvoir s’exprimer.»

« La question des droits du patient ne se borne pas à régler le problème de la personne malade »

« Il est important de comprendre quel est aujourd’hui le rôle et la place de l’usager dans le système de santé, insiste Michel Coulomb, représenta­nt des usagers au CHU de Nice. Auparavant, c’était le dogme du paternalis­me qui régnait. La loi a changé, mais il faut que l’esprit change également. Celui du médecin, celui du patient, de l’usager et avant tout du citoyen. On ne peut pas aborder la question des droits du patient en se bornant à régler le problème de la personne malade. Ce n’est pas l’esprit de la loi. Il faut passer d’un mode paternalis­te à un mode partenaria­l.» Concernant les représenta­nts des usagers, il invite à se poser «les bonnes questions» : « Dans quel état d’esprit sont-ils ? Comment conçoivent-ils leur place et leur rôle ? Sont-ils dans une démarche partenaria­le et constructi­ve ?»

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