Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Regis Ravanas de TF: «Opérateurs et chaînes sont condamnés à s’entendre»

Le directeur général adjoint du groupe TF1 évoque la partie de bras de fer engagée par les chaînes avec ses distribute­urs, qui a pris en otage les téléspecta­teurs

- PROPOS RECUEILLIS PAR ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Régis Ravanas, le directeur général adjoint de TF1, revient sur le conflit qui oppose la chaîne avec les opérateurs. Alors que des milliers de téléspecta­teurs abonnés à Canal+ se sont retrouvés privés de programmes la semaine dernière, un accord a été trouvé avec Orange. Les négociatio­ns se poursuiven­t avec Free et Canal+.

Un accord a été trouvé avec Orange, Canal+ vient de remettre le signal de TF pour ses abonnés… Est-ce la fin du bras de fer ?

Canal+ avait déjà remis le signal sur le satellite, que ce soit CanalSat ou TNT Sat. Nous n’avions d’ailleurs pas compris pourquoi ils l’avaient coupé, notamment sur TNT Sat, qui est un peu le service public de la TNT sur le satellite, puisqu’il permet à des personnes qui se trouvent dans des zones qui ne captent pas le signal hertzien de recevoir la TNT. En outre, sur les boxes, pour ceux qui sont abonnés à Canal via leur opérateur de téléphonie, même si nous n’avons pas encore trouvé d’accord, cela ne nous pénalise pas pour autant parce que les téléspecta­teurs ont toujours pu continuer à voir les chaînes du groupe TF au travers de l’offre fournie par leur opérateur.

En revanche, un accord a été trouvé avec Orange…

Et nous en sommes très heureux. Car cet accord va nous permettre d’offrir davantage de contenus, notamment au travers de deux nouvelles chaînes TF+ et TMC+ qui permettron­t de regarder les programmes en décalé d’une heure. En enrichissa­nt aussi l’offre de Tfou Max destinée à la jeunesse et en diffusant en k certains événements tels que la Coupe du monde de football ou les grands prix de F. C’est un accord qui offre une réelle améliorati­on de l’expérience télévisuel­le des téléspecta­teurs.

Tout ça n’est donc pas qu’une histoire de gros sous ?

Pour offrir de nouveaux services aux téléspecta­teurs, il faut bien les financer. TF investit chaque année un milliard d’euros dans la création de contenus, que ce soit les grands divertisse­ments que sont The Voice, Koh-Lanta, Miss France ou Les Enfoirés, et dans la qualité de son informatio­n. Aujourd’hui, nous avons donc besoin des opérateurs pour financer la qualité de nos grilles de programme.

Leur argument était pourtant de dire qu’ils n’étaient pas prêts à payer pour ce qui est gratuit par ailleurs, notamment sur la TNT…

Ce n’est en tout cas pas gratuit pour leurs clients qui payent leur abonnement. Ces opérateurs leur vendent donc nos chaînes. Notre argument est de dire qu’en conséquenc­e, il est normal qu’ils participen­t aussi à leur financemen­t. Même si les discussion­s se poursuiven­t avec certains d’entre eux, tous en conviennen­t d’ailleurs. Tout simplement parce que nous n’inventons rien : c’est comme cela que ça se passe partout en Europe.

Où est-ce que le bât blesse, alors ? Au niveau de vos prétention­s ? Le chiffre de cent millions d’euros a été avancé…

Je peux vous assurer que TF n’a jamais envisagé de tels montants. Cette estimation a été calculée sur la base de nos propositio­ns de vente, mais c’est comme en matière de publicité, entre le tarif brut et le tarif net, il y a toujours une grosse marge de négociatio­n.

Quel est le montant de l’accord que vous avez passé avec Orange, par exemple ?

Nous ne donnons jamais ces chiffres, mais ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes très heureux du résultat de nos négociatio­ns avec les trois opérateurs avec lesquels nous avons déjà trouvé un accord. Nous pensons que ce sont de bons accords, avant tout pour les téléspecta­teurs, parce qu’ils vont permettre une améliorati­on du service qui leur est rendu. Et permettre ainsi, aux opérateurs, une différenci­ation forte par rapport à ce qu’offre la TNT.

Restent Canal et Free. Comment avancent les choses ?

Avec Canal, nous avons eu une période un peu tendue. Mais en réalité les opérateurs et les chaînes sont condamnés à s’entendre. Nous y avons mutuelleme­nt intérêt.

Justement, compte tenu de la baisse des audiences, auriez-vous pu poursuivre longtemps cette partie de bras de fer ?

Tout d’abord, cette crise, nous ne l’avons pas souhaitée. Mais après tout, pendant longtemps, de  à , TF n’a pas été diffusée sur Canal Sat. C’est donc quelque chose de possible, même si cela n’est souhaitabl­e pour personne.

Le risque n’était-il pas une baisse des annonceurs, qui vous aurait fait perdre d’un côté ce que vous espériez gagner de l’autre ?

Les annonceurs nous ont soutenus. Et pour ce qui est de l’audience, elle est déjà revenue.

Il ne reste plus qu’à finaliser avec Canal et Free. Une question de jours, peut-être d’heures ?

À ce stade, sincèremen­t, il est impossible de dire quand les dernières négociatio­ns aboutiront.

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(Photo Christophe Charzat / Groupe TF) Regis Ravanas, directeur général adjoint de TF.

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