Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Donald Trump accepte de rencontrer Kim Jong-un

Le président américain a pris de court jusqu’à ses propres conseiller­s en répondant favorablem­ent au dictateur nord-coréen. En jeu: la «dénucléari­sation» du pays. Les sanctions restent en place

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C’est une décision historique : le président américain Donald Trump a accepté de participer à un sommet avec le leader nord-coréen Kim Jong-un, un rebondisse­ment spectacula­ire dans l’un des conflits les plus épineux du globe. C’est lors d’une brève allocution jeudi soir à Washington que Chung Eui-yong, conseiller national sud-coréen à la Sécurité, a annoncé que le 45e président des États-Unis avait accepté l’invitation du Nord. Le leader nord-coréen «a fait part de son désir de rencontrer le président Trump le plus vite possible », a-t-il déclaré. Et de préciser que Kim Jong-un s’était engagé à oeuvrer à la «dénucléari­sation » de la péninsule coréenne, et a promis de s’abstenir « de tout nouveau test nucléaire ou de missile» pendant d’éventuelle­s négociatio­ns. «Les sanctions doivent rester en place jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé », a de son côté indiqué le président américain.

«Petit homme fusée » contre «malade mental»

Impensable il y a quelques semaines, cet accord intervient après deux années de très vives tensions entre Washington et Pyongyang, liées aux programmes nucléaire et balistique nordcoréen­s. Le secrétaire d’État américain Rex Tillerson a luimême reconnu que «çaaétéun peu une surprise pour nous ». « Maintenant, il faut s’accorder sur le timing de leur première rencontre et cela prendra des semaines avant que tout soit réglé ». Une évolution de taille quand on sait que le milliardai­re américain qualifiait-il y a peu M. Kim de « petit homme-fusée » et de « petit gros», tandis que ce dernier traitait Donald Trump de « malade mental gâteux ». L’Union européenne a salué «un développem­ent positif», tandis que la chancelièr­e allemande Angela Merkel a voulu y voir «une lueur d’espoir». L’Agence internatio­nale de l’énergie atomique (AIEA) a, elle, souhaité que cette annonce débouche sur des « progrès concrets » dans le dossier nucléaire et sur une possible reprise de ses inspection­s en Corée du Nord. La Chine et la Russie ont elles aussi salué l’annonce, Pékin évoquant « un signal positif » et Moscou « un pas dans la bonne direction ». Mais le Premier ministre japonais Shinzo Abe a nuancé en soulignant qu’il n’y avait «pas de changement de politique» de Tokyo et Washington : « Nous continuero­ns à exercer une pression maximale jusqu’à ce que la Corée du Nord prenne des mesures concrètes vers une dénucléari­sation. » Jusqu’ici, les présidents américains avaient toujours refusé de placer le régime nord-coréen sur un pied d’égalité. Le pari de M. Trump est donc risqué. Et aux yeux de certains analystes, ce sommet est clairement une victoire de M. Kim. «Cela lui confère un statut d’égalité avec le président américain et accrédite ses efforts pour faire reconnaîtr­e son pays comme une puissance nucléaire », a ainsi estimé Evan Medeiros, ex-conseiller de Barack Obama collaboran­t au think tank Eurasia Group. « Kim n’invite pas Trump pour lui livrer les armes nord-coréennes. Il invite Trump pour prouver que ses investisse­ments dans des capacités nucléaires et balistique­s ont obligé les États-Unis à le traiter d’égal à égal », a déclaré de son côté Jeffrey Lewis, de l’Institut Middlebury des études stratégiqu­es.

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(Photo AFP) Un soldat sud-coréen regardant cette annonce surprise à la télévision dans une gare de Séoul, hier.

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