«Derrière les plateformes, des entreprises»
Jean-Christophe Roda, professeur agrégé des facultés de droit, spécialisé en droit des affaires
Professeur à l’université de Toulon jusqu’à l’an passé, Jean-Christophe Roda enseigne désormais à Lyon . Il y a récemment organisé un colloque sur l’économie collaborative. Peut-on donner une définition précise de l’économie collaborative? C’est quelque chose qu’on a un peu de mal à cerner mais qui correspond finalement à la base du commerce. Avec de la mise en relation entre des personnes, des services, à l’instar de ce que font les courtiers. Si la définition est qu’on a un consommateur à chaque bout de la chaîne, alors des sites comme Le Bon coin sont de l’économie collaborative. Mais, juridiquement, on n’a pas de définition. Juridiquement, quels sont les enjeux? En fait, beaucoup de choses sont réglées de façon classique. La question est surtout celle de la qualification: quand le particulier vend des quantités importantes, ne devient-il pas un commerçant? Rappelezvous les tentateurs de L’Île de la tentation: la cour de cassation a décidé qu’ils étaient des salariés de la production! Pourquoi cette nouvelle économie a-t-elle tellement le vent en poupe? C’est un milieu très concurrentiel qui coûte peu en terme d’investissement. Le phénomène s’appuie sur la tendance start-up nation, avec des changements d’habitudes du côté des consommateurs qui veulent tout, tout de suite. Ils ont l’impression d’être plus économes et de consommer autrement. Sauf que derrière ces plateformes, il y a des entreprises, qui ont très bien compris la nouvelle mode.