Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Des entreprise­s privées au chevet du patrimoine local

Une dizaine d’entreprise­s participen­t financière­ment à la restaurati­on de la chapelle Notre-Dame de Pitié, par le biais de la Fondation du patrimoine. Une première en Provence verte

- E. C.

Restaurer… Sans dénaturer. Et à moindre frais ! Pour alléger la facture de la collectivi­té, la commune du Val a fait appel à la Fondation du patrimoine. Objectif, activer tous les leviers disponible­s pour financer la rénovation de sa chapelle Notre-Dame de Pitié. Aux côtés des partenaire­s institutio­nnels classiques que sont la Drac et autres organismes territoria­ux, la Fondation a entrepris d’élargir au mécénat privé l’action culturelle pour la sauvegarde du patrimoine. Un Club des mécènes du patrimoine du Var a ainsi vu le jour en 2016, et rejoint la trentaine de structures similaires créées en France à ce jour. Le principe est simple, explique Marc Tassel, délégué régional adjoint : « la Fondation présente, chaque année, une dizaine de projets parmi lesquels un ou deux seront sélectionn­és pour être financés par le Club. » Les entreprise­s mécènes, au nombre de dix aujourd’hui dans le départemen­t, « participen­t financière­ment aux opérations de restaurati­on en cotisant chacune 3000 euros par an, défiscalis­és à hauteur de 60 %. »

Fiers de leur patrimoine local

Pour ce notaire à Saint-Tropez, forcé de garder l’anonymat pour raisons profession­nelles, « le club, L’édifice est habillé d’un échafaudag­e de puis l’été dernier. Les entreprene­urs mécènes du Var se laissent guider par l’architecte en chef des monuments historique­s, les membres bénévoles de la Fondation du patrimoine et les élus du Val.(Photos

c’est donner un peu de son temps et de ses moyens au profit du patrimoine local. En tant que notaire, je suis dans la transmissi­on, et le patrimoine est un élément essentiel de cette notion de transmissi­on. Tous ici travaillon­s de près ou de loin dans la pierre et avons un intérêt particulie­r pour notre histoire locale… » C’est justement sur ce Citée pour la première fois dans une bulle papale de Jean XXIII, la chapelle NotreDame de Pitié a probableme­nt été édifiée autour du XIIe siècle. Du moins dans sa partie arrière, l’édifice actuel et le grand auvent accolé étant vraisembla­blement le fruit d’un agrandisse­ment au XVIIe siècle. À la même époque, une Pietà se dessine en bas-relief au fronton central de la chapelle. Les décoration­s de coquillage­s, qui font la singularit­é de l’édifice (seules sept en France sont recensées dont six encore existantes), ne sont en revanche pas datées clairement. Ce sont ces éléments de détail qui font aujourd’hui l’objet de la plus grande attention pour la restaurati­on, l’objectif étant selon l’architecte de « ne pas dénaturer l’existant en conservant la patine d’époque et de réutiliser un maximum d’éléments. » C’est au XXe siècle que la

« petit patrimoine, populaire ou vernaculai­re, que la Fondation du patrimoine cible son action », précise Jean-Louis Atoch, responsabl­e du nord du départemen­t. Des moulins, vieux ponts, lavoirs, chapelles, colombiers, campaniles… Tout ce qui fait la richesse du paysage architectu­ral provençal, bien souvent négligé au profit des chapelle s’inscrit sur un itinéraire des chemins de Compostell­e, étape qu’elle n’était sans doute pas à l’origine, selon les historiens locaux. La chapelle NotreDame de Pitié a été inscrite au titre des monuments historique­s le  décembre  pour ses quatre oratoires, puis la chapelle a été classée en totalité le er mars . Les travaux de restaurati­on, lancés l’an dernier, s’articulent en deux tranches. La première, d’un montant de   euros, visait à stabiliser l’édifice, le mettre hors d’eau et d’air et restaurer les décors de la façade. La seconde tranche, engagée dans la foulée, s’attaquera à l’intérieur, décoration­s murales et sol. Le but « est aussi de valoriser les aspects paysagers, cheminemen­t depuis le village et possibilit­és de stationnem­ent », ajoute le maire, Bernard Saulnier.

grands projets de restaurati­on de monuments emblématiq­ues. Des éléments qui participen­t aussi au rayonnemen­t touristiqu­e, culturel et économique du territoire. Mais reste pour cela à les mettre en valeur… Pour faire suite à la remise symbolique, en juin dernier, d’un chèque de 8 500 euros à la mairie du Val, les entreprene­urs étaient, cette fois, conviés à la visite de chantier sur le site de la chapelle Notre-Dame de Pitié. L’occasion d’échanger avec l’architecte en chef des monuments historique­s Michel Trubert, et de partager avec les élus valois sur l’histoire de ce bâtiment retenu dans l’appel à projet 2016 de la Fondation. Le jeune conseiller municipal du Val, Aymeric Paz, a joué les guides touristiqu­es en détaillant les traits de la chapelle au fil des siècles (lire par ailleurs). Puis, à l’issue de la visite, les entreprene­urs mécènes étaient conviés à l’UPV de Brignoles, où leur ont été présentés les projets retenus pour cette année.

Des actions concrètes

Pêle-mêle, le moulin à vent de La Garde-Freinet, la chapelle Saint-Roch de La Verdière, l’église Saint-Pons de Collobrièr­es ,le pont Sainte-Catherine d’Entrecaste­aux ou la ferme des Cavaliers à Aiguines… Pour 2017, le club avait décidé d’un don de 5 000 euros pour la restaurati­on de la tour Grimaldi à Tour tour et de 10000 euros pour la chapelle Notre Dame de Beauvoir à Montferrat. De quoi participer à la survie et la mise en valeur du patrimoine de nos campagnes.

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Frank Muller) Les décors à restaurer. Les décors de coquillage­s, les nombreuses niches et oratoires font la singularit­é de l’édifice.
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La Pietà sur le fronton.
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