Les élus de la région Paca à la rencontre du Pape
Environ 300 élus de la région, sont en voyage au Vatican jusqu’à demain. Le but : que l’église et les politiques se rencontrent, se connaissent mieux et qu’ils échangent sur les questions de société
Hasard du calendrier, coquetterie du pape François ou intervention divine ? À chacun sa réponse. Une chose est sûre : les quelque 300 élus de la République, tous issus de la région Provence-AlpesCôte-d’Azur (plus une poignée de Corses), ne pouvaient pas choisir meilleur moment pour rencontrer le souverain pontife que l’anniversaire de son «premier» quinquennat. Pour être tout à fait honnête, c’est en réalité le 13 mars 2013 que Jorge Mario Bergoglio fut élu Pape. Mais Monseigneur Georges Pontier, archevêque de Marseille, à l’initiative de ce voyage à Rome avec Mgr Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, n’a pas pu s’empêcher de souhaiter, avec un tout petit jour d’avance et sous un tonnerre d’applaudissements, « un très bon anniversaire » au Saint-Père.
« Servir le bien commun »
Sans surprise, dans son discours en italien, le pape François a invité les élus, et leur « désir de servir le bien commun »,à« tout mettre en oeuvre pour construire des ponts entre les hommes diversement situés au plan social, du et du économique, culturel et religieux, ainsi qu’entre les générations ». Il a également eu une pensée pour ceux qu’il a décidé de défendre depuis son accession au sommet de l’église catholique : les migrants et les réfugiés. « Il s’agit de persévérer dans la recherche de moyens compatibles avec le bien de tous, pour les accueillir, les protéger, promouvoir leur développement humain intégral et les intégrer », a déclaré le souverain pontife. « Des paroles assez convenues », lâchera, presque déçu, un auditeur, à l’issue de cette audience privée qui avait pour théâtre la très belle salle Clémentine dans le palais du Vatican. Mais pour la majeure partie des « heureux élus », l’essentiel était visiblement ailleurs.
« C’est pire que les enfants »
Plus que la parole du Pape, c’est sa rencontre, sa vision qui comptait. Pour s’en convaincre, il n’y avait qu’à les voir, smartphone à la main, tentant d’immortaliser ce moment privilégié avec « l’icône » de l’église catholique. Le personnel du Vatican a même eu toutes les peines du monde à canaliser députés, sénateurs, conseillers régionaux et départementaux, Le salon à ne pas manquer en Dracénie ! et maires qui se pressaient, dans un véritable capharnaüm, pour saluer la « pop » star François. « C’est pire que des enfants ! », glisse l’un des participants, entre amusement et consternation. Et l’excitation des élus se poursuivra bien après le départ du Pape. Ainsi, dans les escaliers qui ramènent à la place Saint-Pierre, les élus frontistes Stéphane Ravier et Philippe Vardon ne résisteront pas longtemps à l’envie de se photographier devant une statue de… Jeanne d’Arc. Quand d’autres, malgré le refus des intéressés, prendront pour cible les fameux gardes suisses. Indulgent avec « ses » invités, Mgr Pontier insiste sur « la joie » qui se lit sur le visage des élus. Et de glisser en conférence de presse : « Certains n’auraient jamais cru vivre un tel moment ».
Les femmes, la fin de vie, la Chine
Il serait injuste malgré tout de résumer cette première journée de voyage à Rome, dont le but, rappelons-le, est de favoriser les échanges entre l’église catholique et les élus républicains sur des débats de société tels que la bioéthique ou encore le vivre ensemble, à ces scènes de tourisme religieux. Plus tôt dans la matinée, il y eut même de la solennité avec une messe en la basilique Saint-Pierre célébrée par le cardinal français Dominique Mamberti. Les 300 élus ont pu ensuite rencontrer le cardinal Parolin et Mgr Gallagher, respectivement Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Vatican. L’occasion d’aborder encore une fois la question migratoire, mais aussi la place des femmes dans l’église du XXIe siècle, les relations avec la Chine qui se limitent aujourd’hui à la nomination des évêques, la fin de vie, le dialogue interreligieux, ou encore le statut de Jérusalem. Sur ce dernier point, Mgr Gallagher a rappelé : « Le SaintSiège a reconnu les États de Palestine et d’Israël. Pour Jérusalem, il est favorable au statu quo, c’est-à-dire le statut de ville internationale ». Aujourd’hui, la visite des élus se poursuivra par la rencontre de l’ambassadeur de France au Vatican, la visite de la villa Médicis, enfin un échange avec le cardinal Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.