Semaine décisive pour l’avenir de la SNCF
Présentation, demain en Conseil des ministres, de la loi sur les ordonnances permettant de réformer le secteur ferroviaire ; remise à l’exécutif, jeudi, de la « feuille de route» de son patron, Guillaume Pepy; et une décision des syndicats sur une probable grève : c’est une semaine cruciale qui vient de s’ouvrir pour la SNCF. Et, potentiellement, pour l’exécutif, qui joue gros sur ce dossier hautement symbolique. Sur le premier point, le texte -- qui fait l’objet d’arbitrages entre le cabinet de la ministre des Transports, Elisabeth Borne, Matignon et l’Élysée – devrait, prudence oblige, rester assez vague dans l’immédiat. Il s’agit notamment de « lister les thèmes des réformes », au premier rang desquels la transcription dans la loi française des textes européens qui prévoient l’ouverture à la concurrence, la transformation de la SNCF en société nationale à capitaux publics, et la suppression du statut de cheminot pour les nouvelles recrues. L’idée du Premier ministre Édouard Philippe est ensuite de remplacer progressivement les ordonnances par des amendements législatifs, au fur et à mesure que la concertation avec les syndicats et le débat parlementaire (prévu à la mi-avril) avanceront, pour les cantonner « aux seuls aspects techniques ». Il a aussi demandé à la SNCF de lui proposer avant l’été un « projet stratégique » pour qu’elle soit plus efficace. Édouard Philippe veut en particulier que la SNCF « [aligne] ses coûts sur les standards européens », quand «faire rouler un train en France coûte 30 % plus cher qu’ailleurs». Et Guillaume Pepy doit présenter jeudi matin à Mme Borne les thèmes, la méthode et le calendrier de ce « projet stratégique ».
Front syndical unitaire
Le patron de la SNCF a déjà dressé la liste des thèmes qu’il compte aborder : «efficacité industrielle, compétences élargies dans les métiers, création de nouveaux métiers polyvalents, accélération digitale, organisation locale du travail, simplification, et nouvelle organisation.» «Il y a chez les cheminots une crainte de l’ouverture à la concurrence et la volonté d’avoir une entreprise solide pour y faire face. Il y a aussi la fierté de montrer que le rail français est le meilleur», observe un ministre, pour qui le gouvernement « n’est pas tombé dans la caricature du cheminot fainéant ». Il ne devrait pas pour autant faire l’économie d’un conflit social. Les syndicats de cheminots affichent un front unitaire depuis l’annonce du recours aux ordonnances et de la fin des recrutements au statut. Ils ont notamment appelé à manifester le 22 mars, jour de mobilisation des fonctionnaires. Les quatre organisations représentatives – CGT, Unsa, Sud Rail et CFDT – ont choisi d’attendre les annonces du gouvernement et de M. Pepy, avant de décider, jeudi soir, s’ils lancent ou non une grève « dure ».