Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un marché pêchu

Parmi les étals les plus prisés des badauds, ceux des pêcheurs locaux : des « petits métiers » qui font la joie des amateurs de poissons frais… quand la météo le permet

- 1. Fanny Mazella est aussi élue municipale. MA. D. mdalaine@nicematin.fr

En lice pour être élu plus beau de France, le marché de Sanary recèle bien des atouts. Les pêcheurs, dont les étals sont prisés par les amateurs de produits d’exception, contribuen­t à l’animer. Focus sur ce métier.

Il est 9 h 50 quand un attroupeme­nt impression­nant se forme tout à coup sur le quai de-Gaulle. On accourt, on se bouscule, on se met sur la pointe des pieds, histoire d’« essayer de voir ». L’arrivée de Brad Pitt ? Mieux, ou presque : celle de Jean-Paul Mazella, pêcheur de son état, qui vient de remonter ses filets posés à 40 m de fond dans la baie de Sanary. Et il n’y aura malheureus­ement pas du poisson local pour tout le monde. Ce matin-là, il est le seul, parmi la quinzaine de « patrons » que compte le port, à avoir sorti son bateau. Sole, turbot, lotte, langouste, seiche ou chapon… Fanny, son épouse, dispose devant les badauds ce qui n’avait pas déjà été réservé par les fidèles clients de l’étal.

« Regardez-moi ce cadre, ce soleil, ces sourires »

«Fanny (1), poissonniè­re»: un concept provençal à elle toute seule, qui colle si bien à l’image colorée du marché. «Je préfère dire que je suis femme de pêcheur », corrige-t-elle fièrement, le bagou

et le bon mot qui attirent l’oreille du passant. Derrière elle, Jean-Paul est déjà remonté à bord du Saint-Joseph pour démêler ses filets, sous l’oeil de quelques curieux qui profitent là d’un spectacle séculaire. «Il va repartir caler pour vendredi (demain, ndlr), explique Fanny. Normalemen­t, la météo devrait s’améliorer. On croise les doigts ». Car, depuis quelques semaines, sur le port de Sanary, on ne parle plus que de la

pluie et du beau temps. « C’est catastroph­ique. On a pu sortir seulement quinze jours en quatre mois, peste Jean-Michel Cei, premier prud’homme. Lui, comme la plupart de ses collègues, est resté à quai. Et ils annoncent encore du vent et de la pluie… ». Les passants, eux, n’ont pas toutes ces données. Tout à leur bonheur de matinée ensoleillé­e, ils réclament à Fanny des poissons qu’elle a déjà vendus ou qu’elle n’a

tout simplement pas en stock. Il faut dire qu’ici, les bons jours, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses, de 6 à 30 euros le kilo, de la soupe à la dorade, du rouget au sar, en passant, parfois, par le thon ou l’espadon. L’une des plus grosses concentrat­ions de pêcheurs du coin est un atout incontourn­able du marché. Attraction en même temps que commerce de proximité, les étals des produits de la mer plaisent autant au touriste qu’à l’autochtone. Et si les temps qui courent ne sont pas simples (voir par ailleurs), la bonne humeur domine. « Regardez-moi ce cadre, s’enthousias­me Fanny. Ce soleil, ces sourires. Comment pourrait-on ne pas être heureux ici ? » Il n’y a guère que cette petite rascasse, dernière à être vendue, qui aimerait sans doute dire le contraire !

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(Photos Dominique Leriche) A chaque arrivée de pêcheurs, un attroupeme­nt se forme sur le port de Sanary.

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