Le fabuleux destin du domaine Fliche-Bergis
À Saint-Mandrier, la demeure du XVIIIe siècle, désormais destinée à accueillir des équipements publics, s’est successivement appelée « Pin des Sablettes », puis « Pin Rolland ». Voici sa fabuleuse histoire...
Àl’entrée de Pin-Rolland, au début de l’avenue Marie-Fliche-Bergis la bien nommée, le domaine Fliche-Bergis a fait couler beaucoup d’encre. La longue bataille juridique qui a précédé son acquisition par le Conservatoire du littoral, la commune et TPM (voir Varmatin du 21 décembre 2017) est plus connue des Mandréens que la fabuleuse histoire de cette propriété hors norme. Avant que « la vieille dame » ne montre son visage des mauvais jours, elle fut une superbe demeure familiale, prospère, remplie de rires et de bonheur. En février 1803, Jean-Baptiste Rolland, armateur de tartanes, assurant le transport de marchandises entre l’Italie et la France par cabotage, acquiert une bastide entourée de vignes et de pinèdes appelée le « Pin des Sablettes ». Un pin majestueux bordait en effet la demeure. Il était, dit-on, mentionné sur les cartes de l’époque comme arbre remarquable, car visible tant du large que du port de Toulon !
Des boulets du siège de Toulon
Les vendeurs de la propriété étaient des négociants de Marseille, les frères Court, qui eux-mêmes l’avaient acquise un quart de siècle plus tôt auprès de Monsieur de Burgues, officier de marine. Au décès de Jean-Baptiste Rolland, ses quatre filles, par dévotion à la mémoire de leur père, donnèrent à cette propriété le nom de « Pin Rolland ». Pour l’anecdote, le bois du vieux pin, hélas abattu par la tempête, fut vendu à l’arsenal de Toulon qui, en le débitant, retrouva des boulets attribués la période du siège de 1707, par le prince Eugène de Savoie ! Cette propriété familiale est restée une propriété d’exploitation viticole jusqu’en 1971, moment de sa partition et de la création du quartier du Pin-Rolland. La maison a été habitée quasiment sans discontinuité jusqu’en 2003. Durant la Seconde Guerre mondiale, ses résidents ont été expulsés par l’armée d’occupation allemande entre 1942 et 1944, avant que l’armée américaine ne prenne le relais après le Débarquement. La demeure sera renommée « Fliche-Bergis » en mémoire du grand-père Fliche et de la grand-mère Bergis aux alentours de 1970. Une avenue dans le quartier leur sera donc également dédiée. La grande maison fut habitée par la famille jusqu’en 2003. Par Thérèse Fliche, épouse de Claude Girard, officier de marine. Le couple eut quatre enfants : Catherine, Hubert, Vincent et François.