Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Des braqueurs en culottes courtes sur l’autoroute A

Jusqu’à cinq ans de prison, en correction­nelle, contre les jeunes auteurs de trois braquages en une semaine dans l’est varois. L’auteur principal, mineur, sera jugé par le tribunal pour enfants

- G. D.

Deux vols à main armée et le saucissonn­age à domicile d’un couple de Belges à Lorgues, commis dans la même semaine par une équipe de collégiens et de lycéens de Lorgues et de Salernes, dont trois mineurs, voilà les faits dont était saisi hier le tribunal correction­nel de Draguignan. Cette affaire avait été ouverte au criminel. Mais compte tenu du jeune âge des protagonis­tes, et du mode opératoire utilisé, le choix de la correction­nelle a été privilégié par rapport à la cour d’assises. Du moins s’agissant des trois auteurs majeurs, âgés de 18 à 19 ans, qui encouraien­t tout de même dix ans de prison. Les mineurs, dont l’auteur principal, âgé de 15 ans au moment des faits, seront jugés ultérieure­ment devant le tribunal pour enfants.

Deux stations sur l’A

Tout est allé très vite dans la semaine du 11 au 18 mai 2017. À commencer par le braquage de la station-service du Puget-sur-Argens, en voie nord de l’autoroute A8, vers 3h15 le 11 mai. Un homme encapuchon­né, ganté, le visage dissimulé par un masque et armé d’un fusil à pompe a surgi devant le caissier. « Donne l’argent. Je veux tout. Bouge-toi. Je compte jusqu’à trois », a-t-il crié. L’employé a remis le contenu des caisses, soit 700€. Le braqueur s’est enfui à bord d’une Smart qui l’attendait sur le parking. Quatre jours après, le 15 mai vers la même heure, c’est la station-service de Vidauban, en voie sud de l’A8, qui a été la cible d’une attaque identique. Le même malfaiteur, brandissan­t cette fois un fusil d’assaut, est reparti avec 405€, toujours à bord de la Smart. Il a semblé à la caissière que cette arme pouvait être factice. Il est apparu plus tard que les fusils utilisés étaient des armes d’air soft. L’exploitati­on des images de vidéo surveillan­ce a montré dans les deux cas le passage de cette voiture, et d’une Polo qui l’accompagna­it, aux entrées et sorties de l’autoroute les plus proches. La Smart était au nom de Yanis Boucherek, un Lorguais de 18 ans, qui faisait de la mécanique moto aux Arcs, la Polo appartenai­t à Morgane, une lycéenne de 19 ans. Tous deux ont reconnu qu’ils avaient aidé Hassan, 15 ans, au passé judiciaire déjà chargé, à perpétrer ces deux vols à main armée en lui servant de chauffeurs. C’est à partir d’eux que les gendarmes sont parvenus à identifier les quatre autres mis en cause. Parmi eux se trouvaient deux frères mineurs demeurant à Salernes, dont l’un avait parlé à Hassan d’un couple de retraités belges installés à Lorgues, susceptibl­es d’avoir dans leur villa une importante somme en espèces dans une mallette.

Le saucissonn­age d’un couple belge

Le soir du 18 mai, alors que le couple rentrait d’une soirée, il s’est trouvé confronté à un trio de malfaiteur­s masqués et armés, qui en voulaient à cette mallette. Ils ont été séquestrés pendant une partie de la nuit, l’homme recevant des coups sur la tête, alors que son épouse subissait des attoucheme­nts et des menaces de viol. Ils ont donné leur argent, leurs cartes bancaires et leurs bijoux, ont été ligotés dos à dos, et les malfaiteur­s sont partis au volant de leur voiture. Selon les victimes, le meneur et le plus violent était «le plus gros des trois». En l’occurrence Imad Bouchane, 19 ans, de Lorgues, qu’Hassan avait recruté le jour même devant le lycée de Draguignan. Hassan était «le plus petit» qui avait commis des attoucheme­nts. Et le troisième était Yanis Boucherek.

Trop grave pour un sursis

Devant le tribunal correction­nel, les trois majeurs ont reconnu l’intégralit­é des faits. Le procureur Maryline Martinet était stupéfaite du décalage entre les profils de ces trois jeunes gens, aux casiers judiciaire­s vierges, et la violence des actes qu’ils avaient commis. «En principe, ils pourraient bénéficier de peines avec sursis. Mais les faits sont trop graves.» Le tribunal a suivi d’assez près ses réquisitio­ns, en indiquant dans son délibéré qu’il ne souhaitait «pas aller dans des peines aménageabl­es, parce qu’effectivem­ent les faits sont trop graves». Il a condamné Yanis Boucherek à cinq ans de prison, dont trente mois avec sursis, Imad Bouchane à quatre ans de prison, dont vingt mois avec sursis, et Morgane à dix mois avec sursis.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France