Coup d’arrêt pour l’usine à goudron à Croquefigue
Hier, le tribunal a décidé de suspendre l’arrêté préfectoral qui autorisait l’exploitation d’une centrale d’enrobage à l’entrée du village. Mais pour ses nombreux opposants, le combat n’est pas terminé
« Nous avons gagné une bataille, pas la guerre », tempère d’emblée Hélène Verduyn, présidente de Signes Environnement. Rendu hier, le jugement du tribunal administratif de Toulon de suspendre le démarrage de l’usine à goudron a certes été accueilli avec « grand soulagement » par les quelque 800 militants de l’association - presque tous des villageois - mais aussi avec une bonne dose de« prudence ».
Réponse définitive dans un an et demi
Et pour cause : il ne s’agit « que » d’une suspension de l’autorisation préfectorale d’exploiter(1), tient à préciser Maître Thibault Stephan, avocat des requérants. « L’an dernier, on a fait une action pour obtenir l’annulation de l’arrêté du préfet. Et, en parallèle, un référé suspension. Cette procédure d’urgence nous est finalement favorable car il y a un doute sérieux sur la compatibilité de l’installation avec le règlement du Plan local d’urbanisme de la commune. Bref, nous avons juste remporté la première manche. » Et l’État a été condamné à verser à l’association une indemnité de 2000 euros au titre des frais de procédure. Mais pour ce qui est du jugement sur le fond, il faudra donc encore attendre un peu. « Environ un an et demi », estime le conseil. C’est un autre magistrat du tribunal administratif de Toulon qui sera alors chargé de déterminer définitivement si oui ou non la société Braja-Vesigné pourra un jour exploiter les centrales d’enrobage à chaud et à froid de granulats routiers installées au lieu-dit Croquefigue, en fait une ancienne carrière.
Un investissement de à millions d’euros
Pour l’instant, elle ne peut que contempler son matériel flambant neuf, depuis longtemps déjà prêt à l’emploi. Ancré à Orange, ce groupe familial indépendant n’a pas souhaité faire de communication sur le sujet. Ainsi, ne sait-on pas si Braja-Vesigné contestera cette décision de justice devant le Conseil d’État. On peut toutefois légitimement penser que l’entreprise ne voudra pas en rester là. Rappelons qu’une usine à goudron était implantée dans le quartier de CampLaurent, à La Seyne, depuis 1997, où entre 30 000 et 40 000 tonnes d’enrobé routier étaient produits tous les ans, avant que Braja-Vesigné ne décide de la remplacer par un équipement plus moderne à Signes. Un investissement estimé entre 10 et 15 millions d’euros a alors été réalisé, malgré les conclusions défavorables de l’enquête publique rendues dès la fin 2015. Du côté des habitants, qui sont aujourd’hui « sur un petit nuage », dixit Hélène Verduyn, les arguments n’ont pas bougé d’un iota. D’après eux, l’installation présente d’importants risques environnementaux, pour la faune, la flore… et les riverains. Et sa situation, au coeur du nouveau Parc naturel régional, n’est pas acceptable. « Dans le pire des cas, on aura au moins gagné un an et demi à ne pas respirer l’air vicié qu’on nous promet », philosophe la présidente. 1. L’arrêté date du 27 septembre 2016.