Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Dans les entrailles du tunnel, la lutte contre l’eau

Depuis la mise en service de l’ouvrage, la lutte contre les infiltrati­ons d’eau par zone très localisée dans le tube est régulière. Escota étudie des solutions

- CATHERINE PONTONE

Des gouttes d’eau perlent sur votre parebrise ? Rien de très anormal à cela par temps de pluie, mais dans un tunnel, comment est-ce possible ? Ils sont 65 000 automobili­stes qui effectuent la traversée souterrain­e de Toulon à se poser la question. Elle ne date pas d’hier. Depuis la mise en service du tube nord en 2002 puis celui du tube sud dix ans plus tard, les infiltrati­ons d’eau sont récurrente­s.

Entouré par une nappe phréatique

Et pour cause : l’ouvrage souterrain, creusé sous le niveau de la mer, à moins de trente mètres au point le plus bas, est entouré, en partie, par une nappe phréatique. En prime, on note la présence de cours d’eau à proximité. Ces infiltrati­ons ne sont pas surprenant­es pour tous les experts des tunnels, « des ouvrages qui vivent au milieu de son environnem­ent. »« Le tunnel est constitué de blocs de bétons qui sont reliés entre eux par des joints. L’eau cherchera toujours un chemin par lequel elle pourra s’infiltrer, explique Bernard Lyan, expert des tunnels chez Escota. La partie qui s’y prête le plus, ce sont les joints, et non le béton. » Ces fuites récurrente­s au niveau des joints sont au centre des préoccupat­ions dans un ouvrage sous haute surveillan­ce et sous travaux réguliers de maintenanc­e (vidéo, éclairage, ventilatio­n…). La présence de légères flaques d’eau sur la chaussée n’est pas sans susciter, parfois, des sueurs froides aux motards face «à une chaussée rendue glissante ». Mais, heureuseme­nt « aucun accident de la circulatio­n lié à cette problémati­que n’a eu lieu », rassure Pascal Busam, en charge de l’exploitati­on du tunnel de Toulon chez Vinci Autoroutes. Depuis sa reprise en main, en août 2016, de la traversée souterrain­e, la société Escota intervient la nuit dans les galeries, au-dessus de la dalle surplomban­t les voies de circulatio­n, pour exécuter des travaux de maintenanc­e. À titre préventif, mais aussi curatif.

Ce fut le cas cette semaine avec le traitement des infiltrati­ons, quatre nuits durant, entre 22 heures et 5 heures du matin, dans le tube sud fermé à la circulatio­n, sécurité oblige. Comment lutter ? L’exploitant procède à l’injection de résine dans les infiltrati­ons. Seul inconvénie­nt: cela va soit combler la fuite un certain temps, soit inciter l’eau à trouver un autre lieu de passage. Ce qui va créer un autre risque d’infiltrati­on.

Drainage de l’eau

Ce procédé connu n’est pas pérenne. C’est la raison pour laquelle les équipes de Vinci ont voulu s’orienter sur une solution qui le soit. Fin décembre, Vinci Autoroutes a expériment­é une solution unique sur son réseau, constitué de vingt-six tunnels en France. Le test, réalisé dans les galeries du tube sud à la fin décembre 2017, avec le concours de l’entreprise seynoise sous-traitante Acti Azur, spécialisé­e dans la chaudronne­rie, tuyauterie industriel­le et navale : le drainage de l’eau par gouttière. Comment ? « Cela consiste à canaliser l’eau grâce à un système de gouttière qui va permettre d’emmener l’eau dans un bac de rétention des eaux usées. À partir du bac de rétention, elles seront forcément traitées », explique Bernard Lyan. Mais attention : cette expériment­ation qui a montré son efficacité ne peut pas être déployée de manière standard. Elle nécessite une étude au cas par cas en fonction de l’endroit de l’infiltrati­on. « L’objectif est de poser ces gouttières sans toucher à la structure pour canaliser la fuite de la manière la plus rapide et efficace », explique cet expert. Durant toute la semaine, les équipes ont procédé à des relevés rigoureux pour être en capacité de déployer la prochaine gouttière.

L’eau cherchera toujours un chemin par lequel elle pourra s’infiltrer. La partie qui s’y prête le plus, ce sont les joints, et non le béton. ” Bernard Lyan, expert des tunnels chez Escota.

 ?? (Photos Frank Muller) ?? Dans les galeries, à trente mètres de profondeur par endroits, les experts de Vinci, avec l’appui d’une entreprise sous-traitante, ont expériment­é en décembre un procédé qui consiste à canaliser l’eau via les gouttières.
(Photos Frank Muller) Dans les galeries, à trente mètres de profondeur par endroits, les experts de Vinci, avec l’appui d’une entreprise sous-traitante, ont expériment­é en décembre un procédé qui consiste à canaliser l’eau via les gouttières.

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