Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Rassembler, et après?

- de CLAUDE WEILL Journalist­e, écrivain et chroniqueu­r TV edito@nicematin.fr

Et si, en se donnant pour premier secrétaire le sévère et consensuel Olivier Faure, désormais seul en lice, les militants socialiste­s avaient choisi de ne pas choisir. De ne pas trancher les désaccords qui ont plombé les années Hollande. Dans la confrontat­ion télévisée des quatre candidats, exercice qui n’invite pas à la nuance, c’est peu dire que le président du groupe Nouvelle Gauche ne fut pas le plus percutant. Il est même apparu assez emprunté. A-t-on assez raillé le goût de Hollande pour les synthèses en trompe-l’oeil. Ce fut sa marque. Son habileté, un temps. Sa tragédie, finalement. C’est pourtant sur une thématique assez proche que Faure s’est imposé, fort de l’image de rassembleu­r qu’il a acquise en jouant les Casques bleus, sous Hollande déjà, entre frondeurs et légitimist­es. «Rassembler» est son mot fétiche. Son talisman. De la «diversité» du parti, il veut faire un « atout ». Et ce langage touche au coeur des militants, au sortir d’une annus horribilis qui laisse le PS exsangue, sans leader, sans projet, sans alliés. Mais rassemblem­ent sur quelle base ? La diversité n’est pas une ligne politique. Suffit-il de « faire dialoguer des forces différente­s», comme le dit Faure, pour construire un projet politique, quand ces forces, justement, sont si différente­s ? La campagne pour le poste de premier secrétaire a montré que les positions des uns et les autres sont toujours aussi éloignées. Et que la question centrale – celle du rapport de la social-démocratie à l’Europe et au libéralism­e – reste posée. Il est même fascinant de constater que le PS post-Hollande, pillé par Macron et Mélenchon, abandonné par Hamon et les siens, ce Parti socialiste quasi résiduel, n’a pas gagné en cohérence et continue à reproduire, en petit, les mêmes clivages et les mêmes contradict­ions qui ont conduit au désastre de mai-juin . La victoire d’Olivier Faure n’a pas levé ces ambiguïtés. Bientôt  ans et déjà  ans de maison, il a été jeune rocardien, collaborat­eur de Martine Aubry, de Hollande et d’Ayrault. Parmi ses soutiens, on trouvait des représenta­nts d’à peu près toutes les familles, et même des proches de Montebourg. Une sorte de PS en modèle réduit à lui tout seul. Cela dit une fidélité, et une compatibil­ité. Mais pour mener à bien la «renaissanc­e» promise, être un dénominate­ur commun ne suffira pas. Si le PS veut espérer redevenir un pôle du système politique, et pas une simple force d’appoint, il ne doit pas seulement organiser son pluralisme, mais retrouver ce qu’il a perdu : une ligne stratégiqu­e.

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