Asceric, formation accélérée
Lancé dans l’élite cette saison, Luka Asceric, 21 ans, apprend à vitesse grand V au sein d’une équipe en difficulté. Une étape dont il espère garder le meilleur pour la suite de sa carrière
Une tête aussi bien remplie que posée sur ses épaules – ou plutôt ses ailes d’albatros –, tout en haut de son double mètre. Polyglotte (il parle quatre langues), titulaire d’un bac S et d’un diplôme en génie mécanique, Luka Asceric, sorte de gendre idéal, a fait un break dans ses études. Afin de consacrer son QI au basket à temps plein. À 21 ans, le poste 1-2 voire 3 de Hyères-Toulon se trouve à la croisée des chemins. Celui de sa carrière, qui décolle tout doucement, mais aussi celui de sa vie. Il s’apprête ainsi à recevoir un passeport français – en plus du serbe (le pays de ses parents) et de l’autrichien (son pays de naissance) – et le statut JFL (1). « Je me sens intégré dans la culture française. Et j’ai grandi dans le basket français, donc je me sens JFL », explique-t-il.
« Des hauts et des bas »
Asceric a longtemps suivi les traces de son père, Neno, ancien ailier passé par le HTV (Luka y a joué en poussins, entre 2003 et 2005 au côté d’Axel Bouteille). Devenu coach, celui-ci l’a lancé à Lille, en Pro B. Une éclosion particulière. Après une saison
remarquée, le jeune homme tente de voler de ses propres ailes. Sa découverte de l’élite s’est transformée en apprentissage à vitesse grand V. Responsabilisé, en rotation de Terry Smith à la mène, Asceric cumule déjà 16 minutes et beaucoup de « hauts et de bas », comme il l’observe avec lucidité. « On a peut-être voulu aller un peu trop vite avec lui. Il n’a qu’une saison de Pro B derrière lui, relève son coach, Manu Schmitt. Il est capable de beaucoup de choses en attaque, mais il manque encore de consistance, il subit beaucoup. C’est normal vu son âge. Il faut qu’il arrête de se poser des questions et qu’il s’impose. » Luka Asceric le sait. Il se tait et travaille, notamment la dimension physique. Il n’a de toutes les manières pas vocation à se muer en sauveur d’une équipe à l’effectif aussi réduit, en lutte pour sa survie. « C’est dans ces situationslà, pas faciles, qu’on forge son caractère, et c’est aussi vrai dans la vie, confie le natif de Sankt Pölten. Ça doit nous aider pour la suite. »
Plaisir et cyrillique
Il ne compte ainsi pas baisser les bras. « Ce n’est pas la solution si on veut tirer quelque chose de cette année, précise-t-il. Le premier objectif, c’est de donner le maximum. Et de jouer sans pression, avec le plaisir d’être sur le terrain. Le plaisir, il est toujours là, même si les défaites agissent dessus. » Alors, il continue d’avancer, « sans griller les étapes mais en restant ambitieux ». Sans trop se soucier non plus des commentaires extérieurs. Ballottés entre ceux qui lui prédisent un avenir NBA, et les « experts » qui le renvoient en Pro B. Loin des réseaux sociaux (« c’est souvent mal utilisé et je vis bien sans »), Luka Asceric veut déjà bien finir la saison. Et concrétiser ses petits projets. Achever la lecture d’un livre serbe, en cyrillique bien sûr, et décrocher son permis de conduire. GUILLAUME RATHELOT 1. Joueur formé localement.