Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«La justice n’aime pas la révision de procès »

L’avocat pénaliste Henri Leclerc, ténor du barreau de Paris, éclairera la conférence sur le thème des erreurs judiciaire­s, aujourd’hui, au troisième salon Livres, justice et droit de Toulon

-

Henri Leclerc est l’un des plus grands avocats pénalistes de son temps, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, il a voué sa vie à Les Défendre tous Au rythme des « Me Leclerc, vous avez la parole », il a assuré la défense dans de grands procès criminels. Celui de Richard Roman, du Docteur Diallo, d’Omar Raddad, où exceptionn­ellement il est du côté des parties civiles, de Touvier. Plus récemment, il a défendu Véronique Courjault ou Dominique Strauss-Kahn dans l’affaire du Carlton de Lille. Il est aujourd’hui l’invité du troisième salon Livres, justice et droit de Toulon, où il interviend­ra sur le thème des erreurs judiciaire­s et des révisions de procès. Juste avant, l’avocat donne son avis à Var-matin sur la question.

Quel regard portez-vous sur la procédure de révision permettant de faire reconnaîtr­e une erreur judiciaire ?

Pour un avocat convaincu de l’innocence de son client, cette procédure est extrêmemen­t importante. L’idée de savoir un homme innocent en prison est évidemment insupporta­ble. Mais les conditions d’accès sont tellement restreinte­s que les demandes de révision sont souvent un échec. En  ans de carrière, je n’ai jamais pu obtenir la révision d’un procès.

Vous dites que c’est une procédure extrêmemen­t

« assure Henri Leclerc, célèbre avocat pénaliste, ténor du barreau de Paris.

difficile. Pourquoi ?

Parce qu’il faut trouver des faits nouveaux, des éléments nouveaux qui étaient inconnus au jour du procès, comme de nouveaux témoins. Or c’est une tâche redoutable, particuliè­rement mal aisée. Et ce, malgré les évolutions législativ­es, qui vont dans le sens d’un assoupliss­ement certain de cette procédure.

Quelles sont ces évolutions législativ­es qui tendent à faciliter la reconnaiss­ance d’une erreur judiciaire ?

Sous l’empire du code d’instructio­n criminelle de , le pourvoi en révision était très restreint, pour ne pas dire fermé. Il ne pouvait être formé que par le ministre de la Justice, si l’existence de la personne prétendume­nt victime d’homicide était démontrée, si deux condamnati­ons apparaissa­ient inconcilia­bles ou encore si un témoin à charge était condamné par la suite, pour faux témoignage. La loi du  juin  est venue ajouter aux conditions la découverte d’un fait nouveau ou d’un élément inconnu lors des débats, de nature à prouver l’innocence du condamné. Mais la rigueur extrême de cette condition saute aux yeux !

Vous avez parlé de deux autres réformes plus récentes.

Oui, il y a eu la loi du  juin . J’ai participé à son élaboratio­n. Avec cette loi, le pourvoi en révision s’est ouvert. Le condamné et, après sa mort, son conjoint, ses enfants, ses parents et ses légataires universels ont été autorisés à déposer une demande de révision. En outre, la commission de révision a été créée pour jouer le rôle de filtre, naguère exercé par le garde des Sceaux. Surtout, plus besoin d’un fait nouveau ou d’un élément inconnu de nature à démontrer l’innocence du condamné, il suffit qu’il soit de nature à faire naître un doute sur la culpabilit­é. Plus récemment, c’est la loi du  juin  qui est venue simplifier la procédure et l’organisati­on de la Cour de révision et de réexamen de la chambre criminelle de la Cour de cassation. Depuis le er septembre , c’est la commission d’instructio­n de la Cour de révision et de réexamen qui reçoit les demandes de révision et se prononce sur leur recevabili­té. Elle peut ordonner un supplément d’informatio­n, c’est-à-dire décider d’enquêter sur les faits présentés.

 ?? (Photo DR/Joël Saget) ?? L’idée de savoir un homme innocent en prison est évidemment insupporta­ble »,
(Photo DR/Joël Saget) L’idée de savoir un homme innocent en prison est évidemment insupporta­ble »,

Newspapers in French

Newspapers from France