Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un budget qui s’annonce encore périlleux

Lors du débat d’orientatio­n budgétaire, hier, le maire s’est dit déterminé à ne pas signer un nouveau contrat imposé par l’État sur la limitation des dépenses de fonctionne­ment. Explicatio­ns

- MA. D. mdalaine@nicematin.fr

Hier, le conseil municipal s’est réuni pour traiter principale­ment du rapport d’orientatio­n budgétaire 2018 ; document qui précède l’élaboratio­n du budget de la Ville. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’exercice s’annonce une nouvelle fois périlleux. Même les micros, dysfonctio­nnant pendant toute la séance, se sont montrés bégayants face aux perspectiv­es financière­s de la commune. Il est vrai que les orientatio­ns, présentées de manière très pédagogiqu­e par le maire Marc Vuillemot, n’avaient pas grand-chose d’enthousias­mantes. Voici pourquoi.

Le contexte

Une circulaire gouverneme­ntale est tombée jeudi. Elle rappelle aux préfets qu’ils vont devoir passer des contrats de trois ans avec les collectivi­tés pour contraindr­e celles-ci à limiter leurs dépenses de fonctionne­ment, comme indiqué dans la loi de programmat­ion des finances publiques de 2018 à 2022. Pas toutes les collectivi­tés : seulement celles dont les budgets de fonctionne­ment sont supérieurs à 60 millions d’euros. A La Seyne, il est de plus de 100 millions d’euros. Quant aux objectifs chiffrés, l’augmentati­on des dépenses de fonctionne­ment ne pourra désormais excéder 1,2 % par an. En contrepart­ie de cet engagement, l’État assure qu’il maintiendr­a son niveau de dotation, en nette baisse depuis plusieurs années. A contrario, si les collectivi­tés ne parviennen­t pas à réduire la voilure, elles seront pénalisées financière­ment.

Ce qu’en dit le maire

Pour Marc Vuillemot, qui n’y est pas allé par quatre chemins, « l’esprit de ce système n’est pas constituti­onnel ». Et d’expliquer qu’une petite partie seulement des collectivi­tés – 322 sur les 40 000 du pays – seront contrainte­s à respecter ce ratio d’1,2 % (1). Le maire argue, par exemple, de « l’inégalité de traitement entre une ville qui accueille une population en difficulté, comme La Seyne, et une ville voisine avec une situation moins compliquée, et moins d’implicatio­n budgétaire pour compenser les inégalités, pas concernée par les efforts demandés ». Mais ce qui, par-dessus tout, met l’édile hors de lui, c’est, dit-il, l’impossibil­ité de respecter cette limitation des dépenses de fonctionne­ment. « Aujourd’hui, nous avons une gestion vertueuse qui nous a permis de réduire la dette, de baisser les coûts de fonctionne­ment de nos services, le nombre de personnels… Nous n’avons pas attendu la loi de finances pour faire des efforts de gestion. Malgré tout, on en est à 1,6 % d’augmentati­on des dépenses de fonctionne­ment. Et donc l’État pourrait nous pénaliser de 386 000 euros ! Bref, rajouter de la difficulté à la difficulté… » Augmentati­on naturelle du salaire des fonctionna­ires (avancement, ancienneté…), augmentati­on du point d’indice décidée par l’État, coût engendré par le dédoubleme­nt de classes dans les écoles du réseau d’éducation prioritair­e… Autant de « contrainte­s » financière­s incompress­ibles qui grèvent le budget de fonctionne­ment, d’après Marc Vuillemot.

Où en sont les négociatio­ns ?

Avant la fin juin, les contrats doivent être signés entre les préfets et les élus concernés. En attendant cette échéance, le maire de La Seyne tente de faire bouger les lignes. « A 23 h 45 hier (lundi, ndlr), j’étais en discussion avec le directeur de cabinet du ministre de la Cohésion des territoire­s. J’ai aussi rencontré le préfet pour lui expliquer notre situation particuliè­re. » Au niveau national, les trois grandes associatio­ns d’élus dénoncent aussi ces

(2) contrats Etat-collectivi­tés locales, qui «risquent de conduire à une réduction des services à la population ». Pour Marc Vuillemot, une chose est sûre, « pas question de signer ». Quitte à se mettre hors-la-loi ? «La loi dit qu’il faut faire un budget équilibré ; il le sera. Le reste, c’est dans la constituti­on : les collectivi­tés sont censées pouvoir s’administre­r librement… » 1. Dans le Var, Hyères, Toulon, Fréjus, la Métropole, les conseils régional et départemen­tal en font aussi partie. 2. Associatio­n des maires de France, associatio­ns des départemen­ts de France et régions de France.

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 ?? (Photos Dominique Leriche) ?? Marc Vuillemot a endossé les habits du professeur qu’il fût jadis pour détailler, hier matin, les orientatio­ns budgétaire­s de la commune.
(Photos Dominique Leriche) Marc Vuillemot a endossé les habits du professeur qu’il fût jadis pour détailler, hier matin, les orientatio­ns budgétaire­s de la commune.

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