Après l’Hermione... ...l’Astrolabe ?
PROJET DE CONSTRUCTION D’UNE CORVETTE À TOULON
L’association Astrolabe - Dumont d’Urville voudrait reconstruire la corvette du navigateur pour Toulon. Un projet ambitieux qui pourrait séduire la Métropole. Reste à savoir s’il est réalisable financièrement.
Le 21 janvier 1840, Jules Dumont d’Urville, parti de Toulon plus de deux ans auparavant, passait à la postérité en plantant le drapeau français sur un bout de terre inhospitalière, devenu célèbre sous le nom de Terre-Adélie. Un peu moins de deux siècles plus tard, une association rêve de redonner vie à l’Astrolabe, l’un des deux navires avec lesquels le fameux explorateur toulonnais, dernier grand marin savant, partit à la conquête de l’Antarctique. À l’origine de ce projet un peu fou, né il y a deux ans, Bernard Gontier – la cinquantaine hurlante – qui partage sa vie entre Paris, où il dirige un petit groupe de presse, et La Seyne. Président de l’association Astrolabe-Dumont d’Urville, Bernard Gontier confie s’être inspiré de l’Hermione, fidèle réplique de la frégate du marquis de La Fayette, qui fera escale à Toulon du 5 au 9 avril prochains.
Un trois-mâts comme étendard de la rade
Si le projet est ambitieux, il n’est pas insurmontable pour une métropole toulonnaise qui, depuis quelques années, semble enfin vouloir embrasser son destin maritime. Comparé à l’Hermione ,l’ Astrolabe mesure en effet quelque treize mètres de moins. Une différence non négligeable au moment de chiffrer le coût de la construction. Toujours selon Bernard Gontier, « étalée sur une dizaine d’années, la construction de la corvette de Dumont d’Urville est estimée à 16,5 millions d’euros». Une somme. Mais si la ville de Rochefort, épaulée par le département de CharenteMaritime et la région PoitouCharentes, a pu assumer une grosse partie (environ les deux tiers) des 26,2 M€ de l’Hermione, Toulon, capitale du premier département touristique de France, et les autres collectivités territoriales ne devraient pas éprouver trop de difficultés à financer pour moitié seulement (l’autre étant assurée par l’association) ce beau projet. Pour ce qu’il est convenu d’appeler, certes avec un peu de chauvinisme, la plus belle rade d’Europe, la réplique de l’Astrolabe constituerait un sacré pôle d’attraction. «Un trois-mâts comme étendard de la métropole, ça aurait de la gueule », lâche Bernard Gontier, enthousiaste. D’autant que, pendant toute la durée de la construction, le chantier serait visitable et donc source de recettes.
Sensibilisation au réchauffement climatique
Calqué sur l’exemple de l’Hermione, le dossier est solide. Du site du chantier – l’ancien arsenal du Mourillon, décidément très prisé –, aux différentes phases de la construction, en passant par la recherche de financements complémentaires aux subventions publiques, tout a été minutieusement pensé. Même le projet éducatif associé. « En s’appuyant sur les différentes explorations de Dumont d’Urville, le chantier et, plus tard, l’exploitation de l’Astrolabe seront l’occasion de mettre en avant la connaissance du Pacifique et de l’Océanie, mais aussi la sauvegarde des océans et la sensibilisation au réchauffement climatique », détaille Bernard Gontier. Et d’énumérer quelques expositions connexes qui pourraient rendre encore plus attrayant le chantier. Ne reste plus qu’à convaincre les décideurs politiques de se jeter à l’eau.