Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les 26 travaux d’Alonso

Vingt-six week-ends de course en 2018, c’est le programme herculéen qui attend l’Espagnol Fernando Alonso, engagé dans les Championna­ts du monde de F1 avec McLaren et d’endurance (WEC) avec Toyota

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Certains pilotes, à l’instar de l’Allemand Nico Hülkenberg, vainqueur au Mans avec Porsche en 2015, s’offrent des incursions ponctuelle­s dans d’autres discipline­s. Mais avec des saisons de F1 de plus en plus chargées (21 Grand Prix en 2016 et 2018, un record), disputer deux championna­ts en parallèle tient du travail de titan. «Je pense que c’est le moment de le faire», assurait pourtant le double champion du monde de F1 lors des essais de pré-saison. «Que ce soit ma connaissan­ce des monoplaces, des pneus, des moteurs hybrides, des circuits, des voyages... Il y a beaucoup de choses qu’à ce point dans ma carrière, je gère bien», expliquet-il. Considéré comme l’un des pilotes les plus talentueux du plateau et obsédé par la gagne, Alonso sait qu’à 36 ans, au sein d’une équipe qui peine à retrouver sa grandeur passée, il ne pourra vraisembla­blement pas égaler les quatre titres de Lewis Hamilton et de Sebastian Vettel dans la catégorie reine. Pour entretenir la «grinta» et surtout marquer de son empreinte l’histoire du sport automobile, le vainqueur des GP de Monaco 2006 et 2007 a donc jeté son dévolu sur la «triple couronne» (GP de Monaco, 24 Heures du Mans et 500 Miles d’Indianapol­is), qu’un seul pilote, le Britanniqu­e Graham Hill, est jusquelà parvenu à ceindre.

« Faisable »

«En termes d’approche mentale, ça ne sera pas un problème car à chaque fois que tu sautes dans ta voiture, tu veux être compétitif», poursuit Alonso, qui raconte qu’enfant, il tenait déjà à battre sa grand-mère à la course en rentrant de l’école.

«Physiqueme­nt, ça ira», ajoute

celui qui a débuté 2018 en disputant les 24 Heures de Daytona (38e), quand ses collègues en F1 reprenaien­t l’entraîneme­nt foncier. «Les voyages sont ma seule inquiétude, admet-il. Voyager coûte beaucoup d’énergie. Chaque retard va faire mal cette année.» «Son programme est chargé mais ça ne me paraît pas délirant», abonde Eric Berton, directeur de l’Institut des sciences du mouvement Etienne-Jules Marey. «Avec une préparatio­n adaptée, c’est faisable», poursuit l’universita­ire, qui rappelle

que les pilotes évoluent «dans des conditions de confort privilégié­es.»

Damien Davenne, professeur à l’Université de Caen et spécialist­e du sommeil, identifie deux périodes «chargées» mais «gérables». Début juin, Alonso enchaînera le Grand Prix du Canada et les 24 Heures du Mans. «Il sera en phase de décalage mais ça n’est pas vraiment un problème sur une telle course, où alternent pilotage et repos»,

estime-il. «C’est aussi une période où l’on a moins besoin de dormir.» «Le mois d’octobre (cinq courses entre le 30 septembre et le 28 octobre, entre la Russie, l’Asie et l’Amérique du

nord, ndlr) est plus compliqué», ajoute-t-il. «L’hiver, le besoin de sommeil s’accroît, la fatigue s’accumule en fin de saison et les décalages horaires sont importants.»

« Routine »

«Aucune inquiétude», assure néanmoins Eric Boullier, le directeur sportif de McLaren.

«Les pilotes sont très bien entraînés, ils ont des physiothér­apeutes et des méthodes de récupérati­on du décalage horaire », détaille-t-il. «C’est jouable», abonde l’ancien pilote français Jean Alesi.

«Aujourd’hui, un pilote de Formule 1 ne fait plus d’essais privés, alors qu’au début de sa carrière, Alonso passait son temps dans la voiture», rappelle-t-il. Boullier, lui, voit même un avantage à l’accumulati­on

des kilomètres en piste. «Depuis les essais de Daytona, Fernando est dans cette routine de ‘‘testing’’, course, ‘‘testing’’, course, note-t-il. Il est immédiatem­ent dans le rythme. Tout de suite éveillé parce qu’il n’arrête jamais.»

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(Photo AFP) Fernando Alonso ne va pas s’ennuyer cette année !

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